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* L’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France fait siens les anciens Canons de l’Eglise primitive, tendant in fine :

– à exalter la liberté dans l’Eglise comme valeur première ; liberté qui d’ailleurs est fille du christianisme car c’est l’Evangile qui en a inculqué la notion aux hommes et c’est l’Eglise qui, au cours des siècles, en a enseigné les principes
– à assurer la présence active du christianisme dans la société contemporaine tout en conciliant les rituels liturgiques ancestraux de la France chrétienne
– à s’élever contre l’ultramontisme mu par une volonté avouée de renforcer son autorité et sa centralisation.

* Et maintenant, quant aux plus « pénétrants adversaires » du gallicanisme qui œuvrent dans le but de faire pièce à ce particularisme, à ce souverainisme religieux français séculaire au sein de l’universalité chrétienne ; ou encore quant à ces « âmes charitables » qui se font une loi d’aimer leur prochain, mais qu’un « zèle religieux » mal compris ou qu’une « ardeur ostensible de la trop grande gloire de Dieu », pousseraient à se détourner des membres de l’Eglise Catholique Gallicane ou de l’Eglise Catholique de France en jetant sur elle l’anathème ou l’opprobre ; nous les engagerions ardemment, « pour toute représailles et sans ombre de rancune », à méditer quelque peu — voire même conséquemment — sur deux textes ô combien essentiels :

– en premier lieu, l’Evangile selon saint Matthieu – chapitre XII – versets 46 – 50 sur l’universalité de la famille spirituelle :
Chacun de nous fait partie intégrante d’une famille cellulaire qui est par nature un milieu protecteur et nourrissant. Aussi quand Jésus semble remettre en question les liens qui l’unissent à ses frères, et surtout à sa mère, Marie, qui l’a veillé de la crèche à la croix, il semblerait que cette famille entre en dislocation, en fragmentation .… Or il n’en est rien et il faut accepter de l’entendre, l’Évangile relativise la notion de famille, au sens charnel, et la priorité des liens du sang. « Qui est ma mère, qui sont mes frères ? » Jésus se fait provocant pour nous rappeler que nous appartenons tous à une famille plus universelle, et que nous avons tous le même Père (Évangile selon saint Matthieu ch 23, v 9.)

Dans cette famille des enfants de Dieu, bien que nombreux et différents, nous partageons un patrimoine commun qui nous caractérise plus sûrement que n’importe quelle séquence ADN ; une sorte de patrimoine génétique spirituel : la Parole de Dieu. Une Parole où Dieu dit à chacun de nous « je t’aime » et « tu peux aimer aussi »(Évangile selon saint Jean ch 13, v 34.)
C’est de cette essence que relève L’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France.

– en second lieu, l’Evangile selon saint Matthieu – chapitre XIII – versets 54 – 58 sur l’universalité du message évangélique :
Alors que Jésus vient de prêcher, personne ne semble se préoccuper de ce qu’il a dit et tous s’interrogent : cet homme, que nous connaissons tous, peut-il être porteur de la Parole de Dieu ? La sagesse immense de Dieu peut-elle se manifester si simplement ?

Cet épisode biblique interpelle non seulement dans notre rapport à la forme et au fond du message évangélique mais aussi dans la personne de celui qui le proclame au nom du Christ. «Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Jésus se fait provocant pour nous rappeler d’une part, que même si la forme du message nous éloigne de l’Évangile, descendons au fond de notre cœur, pour y rencontrer celui qui l’a un jour embrassé et d’autre part, qu’il est essentiel de prêcher et de proclamer la Parole de Dieu.
C’est de cette essence que relève L’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France.

* Et enfin, pour mettre un terme aux éventuelles belligérances doctrinales, religieuses ou institutionnelles qui viendraient à poindre, il serait temps que ceux qui tendent à exister uniquement par le mépris, le conflit, le rejet ou la négation de leurs Frères catholiques gallicans :

en premier lieu, s’invitent, en ce XXI ème siècle, à un irénisme oecuménique intra catholique de bon aloi par des attitudes et des propos visant à une compréhension mutuelle entre Prélats professant la même religion ; et ce, en se focalisant sur tout ce qui nous unit ou nous rapproche et en minimisant tout ce qui nous éloigne ou nous amène à une querelle religieuse ; battant ainsi, légitimement en brèche, l’Encyclique « Humani Generis » du pape Pie XII promulguée le 15 août 1950 qui voulait mettre en garde contre « les opinions et erreurs modernes menaçant de miner les fondements de la doctrine catholique » ! ! !

– en second lieu, avalisent, avec honnêteté intellectuelle, historique et religieuse que le Gallicanisme — que nous qualifions avec force de « passé d’avenir » — reste cette sensibilité du catholicisme français et cette doctrine religieuse et politique qui a promu et promeut encore et toujours l’idée d’un particularisme et d’un souverainisme religieux national imparable au sein de l’universalité chrétienne. Universalité chrétienne qui, hélas, se fait damer le pion soit par des mascarets religieux hautement extrémistes et mortiféres, soit par des tsunamis évangéliques tentaculaires, soit par des groupuscules sectaires déviants.

– en troisième lieu, se rappellent que Saint Paul dans l’une de ses quatorze Epitres et notamment la 2 ème à Timothée 2 – 24 exige de tout serviteur de Dieu qu’il s’abstienne de dispute :
« Servum autem Domini non oportet litigare sed mansuetem esse ad omnes docibilem patientem »

« Le serviteur du Seigneur ne doit pas avoir de querelles
mais doit être affable envers tous, capable d’enseigner et patient dans l’épreuve. »

Et nous de rajouter :
« … surtout quand il s’agit de questions vaines, frivoles et sans raison … »

– en quatrième lieu, tant les plus hauts responsables de l’Eglise Catholique Romaine que tous ses ministres qui la servent et l’honorent soit avec un zèle intéressé, soit avec une ardeur non feinte mais toujours très prompts à jeter l’anathème sur autrui et plein de morgue à notre endroit, se remémorent ce passage de l’Evangile de saint Matthieu :

« Le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confiée à un peuple qui lui fera produire des fruits »

et actent que l’Eglise voulue par Jésus, n’est pas cette structure centralisatrice « vaticanocatholique » — comme le mentionne Christine Pedotti — mais la grande assemblée solennelle du peuple d’Israël : Ecclesia (en grec) Kahal ou Kehilla (en hébreu), dont nous prêtres catholiques gallican sommes.
Dès lors, s’interroger sur la liciété du Gallicanisme revient à poser une question dénuée de tout intérêt et de tout fondement.

* Alors Rome,

– toi qui excelle dans ton pouvoir temporel avec virtuosité calculée et ingérence notoire, par tes prises de position anti-souverainistes inadmissibles dès lors qu’il s’agit de gestion de peuples et de nations ne relevant nullement de ton imperium
– toi qui pérore et pontifie ainsi sur le souverainisme de façon outrancière en osant déclaré en 2019 : « Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal, elle mène à la guerre… » ; rejoignant en cela les Présidents de la République française, François Mitterrand en 1995 : « Le nationalisme, c’est la guerre » et François Hollande en 2015 : « Le souverainisme, c’est le déclininisme » ; laissant ainsi à penser que celles et ceux qui prônent cette théorie nationale en tous les domaines, y compris religieux, sont au mieux des sots au pire d’exécrables partisans d’un passé révolu, enfermés dans leur biotope sclérosé ….

A ceci prés tout de même, que depuis l’anathémisation de l’Eglise Catholique Gallicane et du souverainisme religieux qui en découle — savamment mis en musique par les Conciles Vatican I et Vatican II — l’Eglise Universelle n’est plus à son acmé, alors qu’elle l’était lorsqu’elle coexistait avec le Gallicanisme de France.

En effet, force est d’acté que pendant des siècles et des siècles c’est cette Eglise Gallicane, c’est cette Eglise du particularisme, c’est cette Eglise du souverainisme et c’est ce souverainisme étatique français qui ont construit

l’Eglise de Rome et ce :
• en lui donnant ses plus grands martyres et ses plus illustres théologiens
• en la gratifiant de ses plus brillants prélats et de son plus dévoué peuple de fidèles
• en la retirant systématiquement de l’oppression de ses envahisseurs
• en lui procurant, en maintes reprises, de forts riches possessions
• en lui servant d’asile et de retraite pour ses souverains pontifes en exil ou en fuite • en conservant, inviolablement, la pureté de la foi en dépit des hérésies existantes en fait, en lui conférant ses plus belles lettres de noblesse lui permettant un rayonnement sans pareil.

– toi qui tend à rejeter ou à nier l’idée d’un particularisme ou d’un souverainisme religieux national susceptible d’accroitre le catholicisme et non de le réduire à sa plus stricte expression — comme tu es arrivé à le faire — ouvre tes yeux Rome, oui, ouvre tes yeux et regarde :
• la déliquescence structurelle de ton Eglise
• la désertification des séminaires, des monastères, des couvents
• la déshérence des chapelles, des églises, des basiliques, des cathédrales
• la dégradation en nombre ou la destruction en nombre des biens cultuels
• la dégénérescence morale de nombres de tes prélats
• l’athéisme galopant et omnipotent des peuples à travers le monde
• l’explosion du culte évangélique où se retrouvent, dorénavant, nombres de catholiques • la diffusion démesurée et la structuration exponentielle de l’islam radical ou non
• la paupérisation morale du peuple de Dieu, peuple que tu es censé porté …..

En termes plus synthétiques, regarde et prends acte Rome, de la déchristianisation et de l’irréligion en ce début de XXI ème siècle et :

– prend garde à cette « prophétie » lourde de conséquence :
« L’histoire « religieuse » qu’on raconte remplace l’histoire « religieuse » qu’on ne fait plus.»

– et conclus avec nous :
« Lorsque le peuple de Dieu ne sait plus qui il est, il lui faut chercher d’où il vient. »

Ce retour imparable et nécessaire aux origines de l’Eglise primitive, est la ligne cardinale du retour du religieux dans nos sociétés où doivent fusionner tradition et modernité.

C’est ce qui fonde et caractérise l’Eglise Catholique Gallicane de France depuis des siècles.

C’est elle qui a porté aux plus hauts des pavois l’Eglise de Rome et qui, au surplus, ne s’est jamais figée dans un immobilisme mortifère.

Ajaccio – 14 août 2020
Gabriel Versini-Bullara
Abbé Catholique Gallicane
Paroisse Mater Dei