HISTOIRE

L’APPROCHE HISTORIQUE

* La présentation historique du Gallicanisme est imparable car en tant que doctrine et pratique, l’Eglise de France est en étroite connexion avec un contexte historique dont on ne saurait faire abstraction ou l’économie sans se priver des moyens de comprendre :

APPROCHE HISTORIQUE DU GALLICANISME

* La présentation historique du Gallicanisme est imparable car en tant que doctrine et pratique, l’Eglise de France est en étroite connexion avec un contexte historique dont on ne saurait faire abstraction ou l’économie sans se priver des moyens de comprendre :

  • d’une part, l’évolution de la pensée et des formes empruntées par ce courant séculaire de l’Eglise Catholique.
  • d’autre part, les libertés gallicanes qui furent pendant des siècles le palladium de l’Etat.
    • La finalité de la présente étude historico-religieuse de notre pays et donc du gallicanisme est :
  • de dire la vérité sur les sentiments du clergé millénaire de France et de son peuple à l’égard du Gallicanisme historique
  • de démontrer par les témoignages historiques les plus constants et les plus irrécusables quelle a été de tout temps l’attachement, le dévouement et le respect des prêtres et des fidèles envers l’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France

Et, après avoir en quelque sorte évoqué, du milieu des ténèbres du passé, la grande et solennelle voix de l’Histoire religieuse gallicane :

  • d’examiner dans le calme et la gravité de la discussion les faits et les événements qui ont amené l’émergence puis la gloire du Gallicanisme
  • porter enfin un jugement impartial et définitif de l’importance pérenne de cette sensibilité du catholicisme français.

Le temps se prête dorénavant volontiers à cette réhabilitation, à cette résurgence et montée en puissance imparable du Gallicanisme que nous appelons tous de nos voeux tant il acte l’intemporalité de l’Eglise Catholique de France.

Une discussion grave, pleine à la fois de fermeté et de modération, d’aménité et de franchise, un examen sérieux approfondi des faits historico-religieux, l’abondance des preuves et documents, une critique sévère sans amertume et charitable sans faiblesse ; devront nécessairement dissiper les dernières controverses, détruire les dernières hésitations, renverser les dernières barrières et faire taire les faquins et les fâcheux mus par une aversion illégitime et frappée d’illicéité tant à la simple conception de l’existence d’un gallicanisme au XXI ème siècle, qu’à l’existence même de prêtres gallicans sur la terre de France.

  • Il reste que l’Eglise Gallicane ou Eglise de France c’est l’église catholique du « particularisme » et du « souverainisme » de notre pays (Gallia), qui perdure,  au visa :
  • d’une part, des sources très anciennes de ses origines puisqu’elle était implantée dans les Gaules dès le II ème siècle ; et qu’il existait déjà un rite Gallican dans le Haut Moyen Age avant même que le rite latin soit généralisé au IX ème siècle
  • d’autre part, de sa genèse puisqu’elle remonte, entre autre, au Concile d’Arles en l’An 361, dont le premier Evêque fut Saint Hilaire, évêque de Poitiers, principal adversaire de l’arianisme en Occident, doctrine osant nier la divinité du Christ
  • de même, qu’elle est intimement associée à la formation de l’unité matérielle, morale, sociale et politique de la France en ce qu’elle est incorporée au vieil édifice historico-religieux façonné, puis porté, puis développée par les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens, les Valois, les Bourbons, l’Empire et la République
  • enfin, n’en déplaise au bas et haut clergé romain, l’Eglise Gallicane est l’Eglise de France depuis ses origines :
    • portée sur les fonds baptismaux de notre pays par les premiers chrétiens et par la consécration du sang des premiers martyres : saint Irénée, saint Pothin, sainte Blandine à Lyon, saint Denis et ses compagnons à Paris ;
    • professée, élevée et confessée par saint Denis, sainte Clotilde, Clovis,

Charlemagne, saint Louis, sainte Jeanne d’Arc ;

  • enracinée en nos chapelles, églises, basiliques, cathédrales et monastères par tout le clergé français, à toutes les époques de l’histoire de France, mais aussi par tous les Evêques français — dont notamment Mgr Bossuet, l’immortel défenseur des Libertés Gallicanes — qui tous ont fait la France chrétienne et gallicane de toujours avec le peuple des fidèles de France.

C’est dire, si les réelles et imparables prémices puis fondements de l’Eglise Gallicane ou Eglise de France se fondent dans la chronologie de l’Histoire de France et de l’Histoire Religieuse.

Aussi, il est déplorable pour ne pas dire intolérable et insupportable que de nos jours, nombres « d’érudits religieux » veulent oublier ou effacer le fait que l’Eglise Catholique de Rome s’est appuyée, pendant des siècles, sur L’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France pour vivre, survivre et perdurer.

N’en déplaisent à ces « fâcheux » ou à ces « oublieux » de l’Histoire religieuse catholique de France, si notre pays s’est construit envers et contre tous, c’est d’abord parce qu’une longue lignée de souverains aussi pieux que redoutables, de grands Saints, de grands ecclésiastiques et théologiens Gallicans ;  et enfin la foule immense de ceux qui nous ont précédés ont cru — avec foi et sincérité — qu’en élevant la France comme une cathédrale politique et humaine, ils participaient au dessein de Dieu qui avait choisi d’agir à travers eux :

« Gesta Dei per Francos » (L’action de Dieu agit par les Francs) 

Cette formule latine forgée par l’historien et théologien Guibert de Nogent (1055 – 1124) à propos de la première croisade, illustre ô combien l’importance du lien unissant Dieu et la France.

La longue marche religieuse de notre pays à travers les siècles ne peut pas se résumer :

  • au seul bornage historico-chronologique de la République française avec son « sacro-saint » principe de laïcité
  • ni à la seule approche centralisatrice de Rome
  • ni enfin à cette vaste théodicée qui veut que, du baptême de Clovis (498) jusqu’à l’apostrophe du pape Jean Paul II (1) ou à celle du pape François (2) :

« France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? 

Permets-moi de te demander  : France, Fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ? »

« La France …. Fille aînée de l’Eglise ….mais pas très fidèle »

la France a inéluctablement lié son sort à celui de la Révélation chrétienne.

Depuis l’origine de l’Eglise, aucune fraction de la catholicité n’offre spectacle plus imposant que l’Eglise Gallicane par sa prééminence intellectuelle et spirituelle incontestée dans le monde.

Aussi, est-il essentiel que les Catholiques français n’oublient pas un pan cardinal de leur Histoire religieuse avec le Gallicanisme qui a été, est, et reste le fer de lance renouvelé — alliant modernité et tradition — de la France catholique.

 

(1) Pape Jean Paul II – 01 juin 1989 – premier voyage apostolique en France

(2) Pape François – 19 mai 2016 – entretien au quotidien « La Croix »

LES MEROVINGIENS : de 478 à 751

• Clovis 01 er (465 – 511) mérovingien issu des Saliens (membre d’un des peuples germaniques qui vivait à l’origine à l’Est sur la rive du Rhin)

— roi des Francs Saliens de 481 / 482 au 27 novembre 511 — après avoir professé le christianisme en union avec le siège de Rome rejoignit l’Eglise de France, se convertit et après avoir reçu, le 25 décembre 498 le baptême des mains de Saint Rémi, évêque de Reims ; devînt ainsi le premier roi « barbare » chrétien qui rejeta l’hérésie arienne.

C’est le baptême de ce roi qui scella l’alliance de la royauté franque avec l’Église catholique, car par cet acte, d’une haute portée politique, la royauté se voit légitimée par une religion. Cette prégnante « union », se prolongera en France, de façon plus ou moins harmonieuse jusqu’à la séparation de l’Église et de l’Etat en 1905.

C’est au travers du baptême de ce roi que l’expression « Fille ainée de l’Eglise » — qui sera énoncée officiellement des siècles plus tard à partir de la Monarchie de Juillet — trouve son fondement premier en ce qu’elle signifie, l’antériorité de l’adhésion de la France au catholicisme en la personne de Clovis par rapport aux autres nations d’Europe occidentale, restées quant à elles « barbares ».
Tel est donc le point de départ, dès ce Vème siècle, d’une longue histoire liant la France à Rome.

En recevant le baptême, le roi des Francs Clovis 01 er devint « le Défenseur de la Chrétienté » ; et dans son testament le futur Saint Rémi écrivit :

« Que de cette race sortent des rois et des empereurs qui, suivant la volonté du Seigneur, pour l’extension de la Sainte Eglise, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s’asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils régneront éternellement avec le Seigneur »

Le pape Grégoire Iᵉʳ (3), dit le Grand , devait même en l’an 600 énoncé cette symbiose entre l’Eglise et la France par cette phrase symptomatique :

« Le royaume de France n’a point d’égal quant à l’intégrité de la religion chrétienne : aussi, s’élève-t-il au dessus des autres empires autant que la dignité des rois s’élève au-dessus de la condition des sujets.»

Le pape Léon XIII quant à lui, devait adressé une lettre à l’archevêque de Reims, le Cardinal Benoît-Marie Langénieux le 06 janvier 1896 en lui indiquant :
« On peut dire que ce baptême du royaume des Francs, et, assurément, les conséquences historiques de cet événement mémorable ont été de la plus haute importance, non seulement pour le peuple nouveau qui naissait à la foi du Christ, mais pour la chrétienté elle-même, puisque cette noble nation devait mériter, par sa fidélité et ses éminents bienfaits , d’être appelée la Fille aînée de l’Eglise.»

Le pape Léon XIII (4), devait au surplus, dans sa Lettre apostolique « Magni Commemoratio » du 08 janvier 1896 déclarer, en accordant à la France un Jubilé extraordinaire à l’occasion du XIVème centenaire du baptême de Clovis et donc de sa conversion :

« C’est dans ce baptême mémorable de Clovis que la France été elle-même comme baptisée ; c’est de là que date le commencement de sa grandeur et de sa gloire à travers les siècles »

En 1959 le Général Charles de Gaulle confia à un journaliste américain, David Schoenbrunn :
« Pour moi l’Histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise.
L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien.
Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’Histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs »

• Charles Martel (688 – 741) — duc des Francs et maire du palais, était de facto dirigeant de la Francie, de 718 à 741 —

marqua de son empreinte cette indépendance de l’Eglise de France vis à vis de Rome par, ce qui constitua les prémices du particularisme ou souvenairisme religieux français, la distribution à ses leudes (hommes de haut rang à son service) des terres de l’Église. Il reçut du pape Grégoire III (5), qu’il sauva des Lombards, le titre de :

« Roi Très Chrétien »

3) Pape Grégoire Iᵉʳ – Pontifex maximus du 03 septembre 590 au 12 mars 604
4) Pape Léon XIII – Pontifex maximus du 20 février 1878 au 20 juillet 1903

5) Pape Grégoire III – Pontifex maximus du 18 mars 731 au 10 décembre 741

LES CAROLINGIENS : de 751 à 986

• Pépin III dit « le Bref » (714 – 768) — roi des Francs de novembre 751 au 24 septembre 768 — fils de Charles Martel :

– d’une part, fut reconnu roi à la place du dernier Mérovingien par le pape Zacharie (6) qui le fit sacré par son légat, saint Boniface en novembre 751
– d’autre part, fut désigné « Protecteur de l’Eglise » par le pape Etienne II (7) qui vint le sacré personnellement le 28 juillet 754 à l’abbaye royale de saint Denis. A compter de cette date, les rois de France seront déclarés « De Droit Divin » ;
– enfin, pour remercier le roi et ses fils d’avoir envoyé deux expéditions militaires à Rome pour contrer les prétentions hégémoniques du roi des Lombards sur le Saint Siège ; puis, de transmettre au pape l’Exarchat de Ravenne qui devint patrimoine de saint Pierre (embryon du futur Etat pontifical) le pape Paul 1er (8) leur donna, comme protectrice du royaume de France, sainte Pétronille (martyre romaine, vénérée comme la fille de saint Pierre). Le pape fit retirer son corps, en 757, de la catacombe de sainte Domitille et le transféra dans un mausolée voisin de la basilique saint Pierre, désormais appelée « Chapelle des Rois francs. » Après la démolition de cet édifice en 1544, les restes mortels de sainte Pétronille furent placés dans une chapelle de la nef droite de la nouvelle basilique. Depuis, chaque année le 31 mai, une messe est célébrée pour la France dans cette chapelle en présence de l’ambassadeur de France et du Chapitre de saint Pierre.

• Charles I er dit « le Grand » plus communément nommé Charlemagne (742 – 814) — roi des Francs du 09 octobre 768 au 28 janvier 814 — fils de Pépin III est couronné le 25 décembre 800 par le pape Léon III (9) du titre de :

« Empereur d’Occident.»

Charlemagne laissera ces magnifiques paroles comme le testament sacré légué à la France :

« J’ordonne que mes fils s’unissent pour prendre les intérêts, la défense et la protection de l’Eglise de Saint Pierre, comme l’ont fait Charles mon aïeul, et Pépin mon père, d’heureuse mémoire, dont j’ai suivi les traces ;
Qu’avec l’aide de Dieu, ils travaillent à la défendre de toutes leurs forces contre tous ses ennemis, et qu’ils ne négligent rien pour maintenir ses droits, y employant tout le dévouement et toute l’énergie dont ils sont capables. »

• Charles II dit « le Chauve » (823 – 877) — roi des Francs du mois d’août 840 au 06 octobre 877 —

déclare au pape Adrien II (10) :

« les rois ne sont pas les lieutenants des évêques.»

6) Pape Zacharie – Pontifex maximus du 03 décembre 741 au 23 mars 752
7) Pape Etienne II – Pontifex maximus du 26 mars 752 au 26 avril 757
8) Pape Paul 1er – Pontifex maximus du 29 mai 757 au 28 juin 767
9) Pape Léon III – Pontifex maximus du 26 décembre 795 au 12 juin 816
10) Pape Adrien II – Pontifex maximus du 14 décembre 867 au 14 décembre 872

LES CAPETIENS : de 987 à 1328

• Hugues 01er dit « Hugues Capet » (941 – 996) — roi des Francs du 03 juillet 987 au 24 octobre 996

fut le premier roi capétien de L’Eglise Gallicane ou Eglise de France

• Robert II dit « le Pieux » (972 – 1031) — roi des Francs du 24 octobre 996 au 20 juillet 1031

— au cours de l’hiver 993 / 994, associé au pouvoir par son père le roi Hugues Capet, préside le synode de Chelles au cours duquel Gerbert d’Aurillac — futur Pape Sylvestre II (11) — et de nombreux évêques français prennent position pour l’indépendance de l’Eglise de France vis-à-vis de Rome.
En juin 995, au Concile de Mouzon (Ardennes) présidé par Léon, légat du pape, Gerbert d’Aurillac reconnaît la primauté du pape mais affirme que :

« Le pape n’a pas à intervenir directement dans les affaires de province qui relèvent des Conciles provinciaux dont le rôle a été défini par le Concile de Nicée ».

• Philippe Ier (1052 – 1108) — roi des Francs du 04 août 1060 au 29 juillet 1108

— en 1078 s’octroie le droit de Régale (imposition par l’Etat des biens de l’Eglise) du Chapitre de Notre Dame, privant l’évêque de ses revenus ; celui-ci réplique en mettant le diocèse en interdit. Le droit de régale apparu à l’époque carolingienne, s’exerce en cas de vacance d’un siège épiscopal, c’est celui par lequel le roi prenant le diocèse sous sa protection, assure la défense de ses biens contre toute usurpation, les administre et s’en approprie les revenus pour prix de sa protection.

• Bernard de Fontaine, Abbé de Clairvaux plus connu sous le nom de Saint Bernard de Clairvaux (1090 – 1153)

est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique qui écrivit au pape Eugène III (12) :

« Vous pouvez tout, mais rien ne convient mieux à la puissance que la règle ; vous êtes non pas le seigneur des évêques, mais l’un d’eux. On ferait un monstre du corps humain, si l’on attachait immédiatement à la tête tous ses membres. »

• Louis VIII (1187 – 1226) — roi de France du 14 juillet 1223 au 08 novembre 1226

— plus communément nommé « Le Lion », devait recevoir un hommage particulier du pape Alexandre III (13) au travers de cette formulation :

« L’Eglise de Saint Pierre, la mère et maitresse des Eglises a toujours eu pour vos aïeux et pour vous une prédilection spéciale, qu’elle n’a jamais témoignée aux autres Princes de l’Univers. »

• Louis IX (1214 – 1270) — roi de France de 08 novembre 1226 au 25 août 1270

— plus communément nommé « Saint Louis », le plus gallican des rois de France (1226 à 1270), fut le précurseur du Gallicanisme en posant les fondations textuelles des Libertés de l’Eglise Gallicane par son « Edit de la Pragmatique Sanction » (Sanctio Pragmatica) est un rescrit ou un acte en forme d’édit sur des matières importantes et publiques.
Le pape Grégoire IX (14) reprenant les termes du pape Etienne II (15), s’adressant à Pépin Le Bref ; ou ceux du pape Urbain II (16), prêchant la croisade aux chevaliers blancs) écrivit au roi en 1239 :

« Ainsi, Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la Terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Elle est après le siège apostolique, le miroir de toute la chrétienté et l’inébranlable appui de la foi. Pour ce motif, le Royaume de France est le Royaume de Dieu ; les ennemis de la France sont les ennemis du Christ.»

Le pape Honorius III (17) devait indiquer quant à lui :

« Comme un flambeau placé sur le chandelier, l’Eglise de France est une lumière pour les autres Eglises »

• Philippe IV dit « le Bel » (1285 – 1314) — roi de France de 05 octobre 1285 au 29 novembre 1314 —

et ses légistes revendiquèrent en 1302, au nom du souverain, l’indépendance du pouvoir temporel.

Les historiens s’accordent pour acter que la doctrine du Gallicanisme est formulée pour la première fois à l’occasion du conflit opposant le roi capétien Philippe IV Le Bel (1268 – 1314) au pape Boniface VIII (18) et ce, à la charnière des XIII ème siècle et XIV ème siècle.

Les rivalités opposant le roi et le souverain pontife ont été propices au déploiement d’une doctrine forgée par l’Université de Paris et les légistes du souverain en ce qu’elle prône les droits du monarque face aux prétentions pontificales : le roi ne tient son pouvoir que de Dieu et est indépendant de toute puissance extérieure dans le gouvernement du temporel de son royaume.

Il y a donc nécessité d’une dissociation entre indépendance du pouvoir temporel par rapport au pouvoir spirituel.

Le roi est désormais représenté comme l’égal du pape ; pour autant cette indépendance mutuelle des deux puissances ne signifie pas que le roi ne puisse pas intervenir dans le gouvernement de l’Eglise de France.

Au contraire, la légitimité de son intervention dans les affaires religieuses de l’Eglise de France est un élément indiscutable du Gallicanisme.
Le pape, face à ce positionnement doctrinal, rétorquera par la Bulle « Unam Sanctam » du 18 novembre 1302, affirmant les pleins pouvoirs de l’Eglise, tant sur le plan temporel que sur le plan spirituel :

« Il est de nécessité de salut de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain : nous le déclarons, l’énonçons et le définissons. »

11) Pape Sylvestre II – Pontifex maximus du 02 avril 999 au 12 mai 1003
12) Pape Eugène III – Pontifex maximus du 15 février 1145 au 08 juillet 1153
13) Pape Alexandre III – Pontifex maximus du 07 septembre 1159 au 30 août 1181
14) Pape Grégoire IX – Pontifex maximus du 19 mars 1227 au 22 août 1241
15) Pape Etienne II – Pontifex maximus du 26 mars 752 au 26 avril 757
16) Pape Urbain II – Pontifex maximus du 12 mars 1088 au 29 juillet 1099
17) Pape Honorius III – Pontifex maximus du 18 juillet 1216 au 18 mars 1227
18) Pape Boniface VIII – Pontifex maximus du 24 décembre 1294 au 11 octobre 1303

LES VALOIS : de 1328 à 1589

Philippe VI (1293 – 1350) — roi de France du 01 avril 1328 au 22 août 1350 —

en 1329, réunit l’assemblée de Vincennes afin d’avoir un avis sur les conflits entre la justice temporelle et la justice spirituelle. Pierre de Cuignières défend la supériorité de la justice du roi dans le domaine temporel de la Couronne.

La période du Grand Schisme d’Occident de 1378 à 1417

durant laquelle le monde chrétien est divisé entre trois papautés : celle de Grégoire XII (19) à Rome ; celle de Benoît XIII (20) en Avignon et celle de Jean XXIII (21) à Pise prendra fin par l’élection du pape Martin V (22) et constituera un terreau incomparablement fertile dans lequel prendra racine un des deux piliers fondamentaux du Gallicanisme :

« le principe de la supériorité du Concile universel sur le pape et la limitation des pouvoirs du souverain pontife. »

Ce XVIème siècle est, dans l’histoire des origines du Gallicanisme, une période décisive et ô combien édificatrice de l’Eglise Catholique Gallicane de France.

En effet, c’est aux Conciles de Paris de 1396 à 1398 que se placent ses premières manifestations. L’Université de Paris propose de décréter que les Conciles sont supérieurs au pape et fixe l’indépendance temporelle du roi. En mai 1398, le troisième Concile de Paris vote la soustraction d’obédience au pape Benoît XIII.

Le 14 janvier 1407, l’Église gallicane décide de reconnaître l’autorité du pape seulement au spirituel. Ce sont les Ordonnances royales de 1407 qui font passer le gallicanisme du domaine de la théorie à celui des réalités, en attendant que le Concile de Constance consacre la supériorité du Concile sur le pape.

*Au Concile de Constance (05 novembre 1414 – 22 avril 1418) convoqué par l’empereur Sigismond Ier —empereur des Romains, roi de Bohême et de Hongrie —, Jean Gerson,

Chancelier de l’Université de Paris, par un discours fondateur défend « la supériorité du Concile au dessus du pape ».

Le Concile de Constance mit fin au Grand Schisme d’Occident :

  • par le Décret « Sacrosancta », affirme qu’il tient son pouvoir directement du Christ pour la réforme de l’Église et
  • par le Décret « Frequens » se déclare institution permanente de l’Église chargé du contrôle de la papauté serait désormais dirigée par des Conciles périodiques.

Ce Concile de Constance sera donc à l’origine du Concile de Bâle (1431-1449) qui soutiendra le conciliarisme, qui est une théorie ecclésiologique affirmant « qu’un concile œcuménique a autorité suprême dans l’Église catholique, autrement dit qu’un concile général d’évêques constitue une instance supérieure au pape.» Le conciliarisme sous-entend donc que le Christ n’aurait pas fondé « l’Église sous forme monarchique (…) mais sous forme aristocratique. »

  • Charles VI dit « le Bien Aimé ou le Fol » (1368 – 1422)roi de France de 16 septembre 1380 au 21 octobre 1422 porte en 1389 son obédience à l’anti-pape Clément VII (23) en Avignon, celui-ci lui répond qu’il a :

« singulière fiance » en lui « comme au bras dextre de l’Eglise et roi champion Très Chrétien.»

Cette désignation pour le roi de France de « Roi Très Chrétien » est le pendant à celui de « Roi Catholique » porté par le roi d’Espagne.

Le 22 mai 1398, après avoir longuement consulté l’assemblée du clergé à Paris, le roi promulgue une « Ordonnance de soustraction d’obédience » au pape Benoit XIII aux termes de laquelle il ne reconnait plus l’autorité du pape ; affirme l’indépendance temporelle du roi ; affirme la liberté de l’Église gallicane tout en confortant ses « anciennes libertés et franchises religieuses » et enfin fixe la supériorité des conciles généraux sur le pape. La décision est confirmée par l’Edit royal du 27 juillet 1398.

 Le 14 janvier 1407, l’Église gallicane reconnaît l’autorité du pape au spirituel seulement. Le 18 février 1407, l’Université de Paris, avec l’appui du duc de Bourgogne et du Parlement de Paris, décide une nouvelle soustraction d’obédience temporelle à l’égard de Benoît XIII.

Pendant l’été 1408, un Concile national du clergé de France réuni à la Sainte Chapelle de la Cité à Paris, sous la présence de l’Archevêque de Sens, Jean de Montaigu, jette les fondements de l’Eglise gallicane en édictant des Décrets sur le gouvernement de l’Église gallicane. A cette occasion, Jean Gerson, Chancelier de l’Université de Paris, développe l’idée selon laquelle un pape parjure ou corrompu peut être licitement déposé et soumis au jugement du concile général en vertu d’un « pouvoir supérieur qui peut agir dans l’intérêt général de la république chrétienne ».

*Le Concile de Bâle en 1431 confirme le Décret « Frequens » remontant au Concile de Constance (1414 -1418).

*Charles VII dit « le Victorieux » (1403 – 1461) — roi de France de 21 octobre 1422 au 22 juillet 1461 —

le 7 juillet 1438, au sortir du Grand Schisme, opère une réception des Décrets du Concile de Bâle tenu en 1431 et publie, avec l’accord du clergé français réuni à Bourges, « la Pragmatique Sanction de Bourges », constitutive d’une véritable Charte de l’Eglise de France qui acte la légitimité de l’intervention du monarque dans les affaires ecclésiastiques.

Par cette « Pragmatique Sanction de Bourges » aux termes de laquelle Charles VII s’affirme « protecteur et gardien des droits de l’Eglise de France », se trouve consacré en fait le principe posé par son prédécesseur Charles VI en 1408.

Durant la première moitié du XV ème siècle, les Armagnacs soutenant Jeanne d’Arc sont partisans des gallicans, les Bourguignons des papistes.

C’est au terme de cette évolution que le Gallicanisme acquiert une acception quasi définitive au travers des principes qui ne seront dès lors plus contestés.

Ainsi, l’Eglise de France se gouverne de manière indépendante à l’égard d’un pape dont les pouvoirs sont limités par les Canons, et elle repose sur le soutien du souverain.

*La période allant de 1438 jusqu’à la fin du XVI ème siècle soit 1600

est témoin d’une accélération du courant gallican et la force des thèses gallicanes ne se démentira plus. En effet, l’humanisme juridique, l’esprit de la Réforme protestante, la critique des moeurs d’une curie romaine jugée décadente suscitent un mouvement de scepticisme plus prononcé encore à l’égard de la papauté ; comme d’ailleurs, les guerres de religion et l’essor du sentiment national rompent l’unité médiévale de la chrétienté.

Le Gallicanisme s’enracine comme une altération sensible de l’idée d’universalité qui est l’essence même du catholicisme.

*Louis XI dit « Le Prudent » (1423 – 1483) — roi de France de 22 juillet 1461 au 30 août 1483 —

publie le 8 janvier 1475 une Ordonnance royale stipulant que toute décision du pape doit être approuvée par le roi de France avant d’être présentée au Parlement de Paris pour enregistrement et devenir applicable en France ; le pape Sixte IV (24) la condamne.

*Charles VIII dit « l’Affable » (1470 – 1498) — roi de France du 30 août 1483 au 07 avril 1498 —

alors qu’il était venu présenté son obédience au pape, en ces termes : « Saint Père je suis venu faire obédience à Votre Sainteté, comme ont accoutumé de faire mes prédécesseurs rois de France » ; fut le premier roi désigné dans l’histoire, le 14 janvier 1495, par le pape Alexandre VI (25) de :

« Fils aîné.» 

Cet épithète « ainé » apparue donc pour la première fois le 14 janvier 1495, est appliquée non au royaume mais à la personne du roi, et acte les liens nourris entre la France et le Saint Siège.

Cette qualité de « Fils aîné » sera régulièrement rappelée de la façon la plus officielle, avec quelques variantes formelles, d’une part, dans les discours des ambassadeurs, dans les correspondances diplomatiques, dans les traités et chez les orateurs sacrés ; et d’autre part, par les différents monarques ou pontifes jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Puis cet épithète sera à nouveau mise en exergue à la Restauration pour y revêtir une acception nouvelle allant de « Fils aîné » de l’Eglise à « Fille aînée » de l’Eglise au travers de deux dates :

le 04 décembre 1836 dans un rapport rédigé par le bienheureux Frédéric Ozanam à la Société de Saint Vincent de Paul dont il est le fondateur ; la France est qualifiée, pour la première fois dans l’histoire, de « Fille aînée de l’Église de Jésus » :

« Comme les rayons du soleil qui, sans se détacher de l’astre, vont éclairer tous les points de la terre ;  comme le sang qui, parti du coeur, va porter la vie aux extrémités ; puissent nos conférences émanées de celle de Paris, s’étendre par toute la France, régénérer la jeunesse de cette belle contrée, lui préparer des destinées meilleures, l’aider à redevenir croyante et heureuse ;  la France qui est la patrie de saint Vincent de Paul, la terre consacrée à Marie, la Fille aînée de l’Eglise de Jésus Christ. »

le 14 février 1841, dans son « Discours sur la vocation de la nation française », prononcé à Notre Dame de Paris, le dominicain Henri-Dominique Lacordaire, restaurateur des Frères prêcheurs, reprendra l’axiome de « Fils et Fille aînée de l’Église » : 

« La nation française était la première nation catholique donnée à Dieu par son Eglise. Il a plu à la papauté d’appeler nos rois les « Fils aînés de l’Eglise. » 

« De même que Dieu a dit à son Fils de toute éternité : tu es mon premier-né ;  la papauté a dit à la France : tu es ma Fille aînée. » 

Au lien politique et personnel entre le roi et le pape : « Fils aîné » s’est donc substitué une relation privilégiée entre le pape et la nation française « Fille aînée » ; marquant ainsi la place éminente occupée par la France  dans l’ensemble de la chrétienté catholique.

Après la chute de Louis XVIII en 1848, le gouvernement de la II ème République repris officiellement à son compte l’expression : « Fille aînée de l’Eglise » qui depuis lors est toujours d’actualité.

*Louis XII dit « le Père du peuple » (1462 – 1515) — roi de France de 07 avril 1498 au 01er janvier 1515 —

fut présenté le 21 avril 1505 par son ambassadeur à Rome au pape Jules II (26) en consistoire public comme :

« Maximus natu filiu »

c’est à dire « l’aîné de plusieurs enfants. » Dès lors, le roi de France est donc bine le fils aîné par apport à tous les autres princes chrétiens.

Il reste que le roi Louis XII à qui l’appui de l’Église de France est nécessaire pour lutter contre le pape Jules II, convoque l’assemblée du clergé qui, réunie à Tours en Septembre 1510, renouvelle l’affirmation des libertés gallicanes. L’assemblée récuse les guerres temporelles du pape contre les princes, autorise les combats royaux et nationaux contre le Vatican, annule toute excommunication pontificale et proclame la supériorité du Concile général sur la papauté.

Le Concile gallican de Pise (Pise 1511 – Milan 1512), convoqué par Louis XII, dépose le pape Jules II pour une pluralité de motifs. Les prélats quittent ensuite Milan et se retirent à Lyon où ils veulent continuer leur Concile, mais sans succès.

*A la charnière des XVI ème siècle et XVII ème siècle

les juristes français se rallient à un Gallicanisme qui offre l’avantage d’une synthèse française équilibrée permettant d’éviter le schisme tout en combattant les progrès de la Réforme protestante. Les parlementaires parisiens défendent avec force les libertés gallicanes qu’ils élèvent au rang de lois fondamentales du royaume. Ainsi, les principes gallicans participent de l’essence de la monarchie française, au point d’être intégrés dans la Constitution de l’Etat.

*François Ier (1494 – 1547) — roi de France du 01er janvier 1515 au 31 mars 1547

— le 11 décembre 1505 au lieu d’envoyer un ambassadeur pour la prestation d’obédience que les souverains chrétiens doivent à chaque nouveau pape, vient en personne jurer fidélité au pape Léon X (27) comme :

« Le fils aîné à son père, le plus grand des rois au souverain pontife, le prince Très Chrétien au chef de la chrétienté »

Le roi François 1er représenté par son Chancelier, Antoine Duprat, signe le 18 août 1516 le Concordat de Bologne avec le pape Léon X  qui met fin à « la Pragmatique Sanction de Bourges » et tempère le gallicanisme. Il permet la mise en place dans le Royaume de France du régime de la commende : les évêques et abbés ne sont plus élus mais choisis par le roi de France ; après avoir été investis spirituellement par le pape, ils jurent fidélité au roi de France qui leur donne leur charge temporelle. François I er obtient la suppression des évêchés de Bourg et de Chambéry et l’autorisation de prélever un décime (dixième) sur tous les biens de l’Eglise de France.

Le Concordat de Bologne, contenu dans la Bulle pontificale « Primitiva illa ecclesia », sera jusqu’en 1790 la charte de l’Église gallicane.

Le 13 mai 1517, dans les lettres patentes de ratification du Concordat de Bologne, le roi François 01er se déclare premier et souverain Fils de l’Eglise à la suite de ses ancêtres :

« Francie reges majores nostros ut primos ac maximos sacrasancte Ecclesia filios »

– Force est de souligner un écrit pontifical ô combien gallican, celui du pape Adrien VI (28) qui n’hésita pas, après son élection au trône de Saint Pierre, à rééditer à Rome en 1522 son « Commentaire sur le Quatrième livre du Maître des Sentences de Pierre Lombard » qui avait fait l’objet d’une première édition à Paris en 1316.

L’un des commentaires du professeur de théologie d’alors — devenu souverain pontife et donc chef de l’Eglise romaine — enseignait que les Papes ne sont pas infaillibles.

Ainsi, le pape Adrien VI a dit, à son siècle et à la postérité :

« Il  est  certain  que  le  souverain Pontife,  chef  de  l’Eglise romaine,  peut  errer  même  sur  la  foi, en avançant  une  hérésie  dans  les  décisions  ou  décrétales,  c’est-à-dire  en  prononçant  ex cathedra,  avec  toute  l’autorité  de  chaire  suprême. »

«  Les  hommes  n’ont  changé ni  mes  mœurs  ni  ma  doctrine,  l’opinion  que  vous  avez  reçue  avec applaudissement  d’Adrien  Florent  est  encore celle du pape  Adrien  VI  ;  je ne m’aperçois pas  que la tiare m’ait  donné le privilège  de l’infaillibilité,  que je n’avais pas comme docteur de Louvain .  

On ne  m’accusera  pas,  j’espère,  d’avoir  cherché  à  dissimuler  l’existence  d’un  fait,  qui  peut  fournir  contre ma thèse les plus  graves  difficultés. »  

Il est acquis que cette prise de position pontificale devait autoriser légitimement tant Mgr Jacques-Bénignes Bossuet, Evêque de Meaux  ; que Mgr Gilbert de Choiseul du Pressis-Praslin, Evêque de Comminges et de Tournai ; que Monsieur l’abbé Louis Maimbourg, Jésuite et prédicateur ; et enfin,  Mgr de Barrai – Archevêque de Tours :

  • d’une part, de faire ressortir la force d’un aussi puissant argument émanant d’un pape grand érudit et grand théologien
  • d’autre part, d’utiliser les écrits et les paroles du pape Adrien VI, comme bouclier pour repousser les vives  attaques dont la Déclaration de 1682 et donc le gallicanisme était l’objet.

*Charles IX (1550 – 1574) — roi de France du 05 décembre 1560 au 30 mai 1574

— étant encore mineur lorsqu’il monte sur le trône, c’est sa mère Catherine de Médicis qui assure la régence du royaume. Et le 10 février 1564, le nonce apostolique en France Prospero Santacroce relate un entretien qu’il a eut avec la reine pour lui demander de promulguer les décrets du Concile de Trente en ces termes :

« Je priai instamment Sa Majesté de vouloir bien, en tant que reine Très Chrétienne et Fille aînée de l’Eglise (figliuola primogenita) préparer la voie aux autres princes chrétiens et donner au monde ce nouvel et éclatant témoignage de la bonne et pieuse pensée quelle a de faire observer les décrets de ce célèbre et grand Concile »

Ainsi pour la première fois dans l’histoire, le 10 février 1564, on trouve ici l’expression littérale : « Fille aînée de l’Eglise » ; qui ne désigne pas pour autant la France mais la personne de la reine de France. C’est en quelque sorte le « Fils aîné de l’Eglise » mais au féminin.

La qualité de « Fils aîné de l’Eglise » reste invoquée de façon constante par le roi de France lors des conflits de préséance qui opposent de manière récurrente ses représentants à ceux du roi d’Espagne. Ainsi, le 30 mars 1564, l’ambassadeur du roi Charles IX fait savoir au pape Pie IV (29) :

« Le Roi Très Chrétien demande à être purement et simplement maintenu aux même rang et lieu qu’ont été ses prédécesseurs depuis 1200 ans.  Quand le pape lui baillera ce lieu qu’il ne peut justement dénier, il fera chose digne d’un bon père qu’il ne veut point faire de tort à son Fils aîné.» 

19) Pape Grégoire XII – Pontifex maximus du 30 novembre 1406 au 04 juillet 1415
20) Pape Benoît XIII – Antipape de l’Eglise catholique du 28 septembre 1394 au 23 mai 1423
21)  Pape Jean XXIII – Anti-pape de l’Eglise catholique de 1410 à 1415
22) Pape Martin V – Pontifex maximus du 11 novembre 1417 au 20 février 1431
23) Pape Clément VII (anti-pape) – Pontifex maximus du 20 septembre 1378 au 16 septembre 1394
24) Pape Sixte IV – Pontifex maximus du 25 août 1471 au 12 août 1484
25) Pape Alexandre VI – Pontifex maximus du 11 août 1492 au 18 août 1503
26) Pape Jules II – Pontifex maximus du 01 er novembre 1503 au 21 février 1513
27) Pape Léon X – Pontifex maximus du 11 mars 1513 au 01 décembre 1521
28) Pape Adrien VI – Pontifex maximus du 9 janvier 1522 au 14 septembre 1523
29) Pape Pie IV – Pontifex maximus du 25 décembre 1559 au 09 décembre 1565

LES BOURBONS : de 1589 à 1792

  • Henri IV dit « Le Grand » (1553 – 1610) — roi de France du 02 août 1589 au 14 mai 1610 — est encore protestant quand il devient roi mais après avoir abjuré la religion réformée à Saint Denis (quatre ans plus tard), il évoque le 27 décembre 1593 :

« La joie de l’Eglise catholique à la nouvelle de sa conversion  et la  réconciliation avec elle et le Saint Siège du Fils aîné de l’Eglise.»

Le roi Henri IV décide de donner l’abbaye de Clairac et ses revenus au chapitre de la cathédrale du Latran ; les chanoines s’engagent à ce qu’une messe pour « la prospérité de la nation française » soit célébrée chaque année le 13 décembre, jour anniversaire du roi. Dans le même temps, le roi est fait premier et unique Chanoine honoraire du Latran, titre honorifique toujours porté à ce jour par les présidents de la République.

Il importe de souligner que chaque année sont célébrées à Rome, deux messes officielles pour la France :

  • le 31 mai pour sainte Pétronille en la basilique de Saint Pierre, en tant que protectrice du royaume de France
  • le 13 décembre pour sainte Luce en la basilique de Saint Jean de Latran, jour anniversaire du roi Henri IV

Il reste que le 03 juin 1591, le pape Grégoire XIV (30) renouvelle l’excommunication d’Henri IV qu’il étend à tous ceux qui le soutiendraient ; elle a pour effet de rallier au roi bon nombre de catholiques gallicans.

  • L’ancien calviniste Pierre Pithou (1539 – 1596)— avocat et érudit français — fait paraître en 1594 : « Les Libertés de l’Église gallicane » ouvrage dédié au roi Henri IV dont la quintessence peut être contenus dans deux maximes fort connexes que la France a toujours tenues pour certaines :
  • la première est que :

« les papes ne peuvent rien commander ni ordonner, soit en général ou en particulier, de ce qui concerne les choses temporelles es pays et terres de l’obéissance et souveraineté du roi très chrétien, et s’ils y commandent ou statuent quelque chose, les sujets ou roi, encore qu’ils fussent clercs, ne sont tenus leur obéir pour ce regard. »

  • la seconde est que :

« qu’encore que le pape soit reconnu pour suzerain des choses spirituelles, toutefois en France la puissance absolue et infinie n’a point de lieu, mais est retenue et bornée par les canons et règles des anciens conciles de l’église reçus en ce royaume. »

Le gallicanisme est tout entier contenu dans ces deux principes de Pierre Pithou.

  • En 1611, Edmond Richer (1560 – 1631) — théologien gallican français — publie : « De ecclesiastica et politica potestate libellus » dans lequel il donne aux Conciles l’autorité ecclésiale suprême ; refuse au pouvoir pontifical une origine divine et attaque la puissance du pape. Edmond Richer attribue au souverain le droit de décider si l’organisation de l’Église dans le royaume est conforme aux règles canoniques.

Par cet écrit, Edmond Richer édicte et pose presque tous les principes que développera MarcAntoine de Dominis (1556 – 1624) ecclésiastique croate, professeur de rhétorique, et de philosophie dans la Compagnie de Jésus dans son « De Republica ecclesiastica ». Le Libellus est interdit par Rome et les synodes provinciaux.

  • La censure du gallicanisme par le pape Paul V (31) amène le 27 octobre 1614 la Déclaration des États Généraux affirmant que « le roi tient sa couronne de Dieu seul ». La même année, le Concile de Bordeaux défend aux religieux de confesser sans la permission de l’évêque, malgré les indults qu’ils auraient obtenus de la pénitencerie romaine et refuse l’eucharistie à ceux qui se confesseraient hors de leur diocèse sans autorisation.
  • Louis XIII dit « le Juste » (1601 – 1643) — roi de France du 14 mai 1610 au 14 mai 1643 — dans la continuité de ses prédécesseurs dans les lettres patentes datées du 09 décembre 1629 qui érigent l’église Notre Dame des Victoires à Paris se qualifie de :

« Fils aîné de l’Eglise »

Profondément pieux, le rois Louis XIII vouera, le 10 février 1638 dans un acte solennel qui deviendra une loi fondamentale enregistrée par le Parlement, son royaume à la Vierge en indiquant :

« Nous déclarons que, prenant la Très Sainte et Très Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personnel, notre Etat, notre couronne et nos sujets ; 

la suppliant de vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effet de tous nos ennemis.»

  • En 1639, Pierre Pithou (Avocat et érudit), Pierre Du Puy (Conseiller au Parlement de

Paris) et Jean Brunet (Avocat au Parlement de Paris)  font paraître un « Traité des droits et libertés de l’Église gallicane » qui régit les rapports de l’Eglise de France avec Rome et les rapports de la royauté avec la papauté. Cette étude des droits et liberté de l’Eglise gallicane offre un double intérêt :

  • intérêt historique car elle explique la longue résistance que les prélats français, l’Université de Paris et le roi opposèrent aux prétentions des papes ;
  • intérêt politique puisqu’elle nous montre comment les rois de France, premiers protecteurs de l’Eglise catholique ont mieux défendu leur couronne et leur Eglise nationale que d’autres princes.
    • En 1641, Pierre de Marca, futur archevêque de Toulouse, puis de Paris, publie « De concordia sacerdotii et imperii ». aux termes duquel, il abandonne le conciliarisme, mais maintient l’autorité souveraine des rois de France sur l’Église nationale.

Cette position devient la doctrine officielle du clergé français sous le règne du roi Louis XIV (1638-1715) qui s’oppose violemment à Rome à propos notamment vis à vis du droit de Régale.

  • En 1663, un Rapport Doctrinal de la Sorbonne affirme :

« Les papes n’ont reçu de Dieu qu’un pouvoir spirituel. 

Les rois et les princes ne sont soumis dans les choses temporelles à aucune puissance ecclésiastique ; ils ne peuvent donc pas être déposés en vertu du pouvoir des chefs de l’Église et leurs sujets ne peuvent pas être déliés du serment de fidélité. 

La plénitude de puissance du Siège apostolique est limitée par les décrets de Constance sur l’autorité des conciles généraux qui ont une valeur durable et non pas seulement pour l’époque du schisme.

L’usage de la puissance pontificale est réglé par les canons de l’Église ; mais, à côté d’eux, les principes et les coutumes de l’Église gallicane qui existent depuis toujours doivent demeurer en vigueur. 

Dans les décisions sur les questions de foi, le pape a la part principale, mais sa décision n’est pas irréformable, à moins que n’intervienne le consentement de l’Église. »

  • En 1667, le pape Clément IX (32) condamne « le Rituel » publié par l’évêque d’Alet-lesBains (Aude), mais vingt-neuf évêques français n’acceptent pas cette condamnation, estimant qu’ils sont juges en la matière :

« Comme les évêques sont les vrais docteurs de l’Église, personne n’a le droit de s’élever contre leur doctrine, à moins qu’ils ne soient tombés dans des erreurs manifestes ».

  • Louis XIV dit « Le Grand » plus communément nommé « le Roi Soleil » ( 1638 – 1715 ) — roi de France du 14 mai 1643 au 01re septembre 1715 — dans un continuum avec ses ascendants royaux fera insérer dans le titre même du Traité de réconciliation avec le Saint Siège après le conflit provoqué par l’affaire de la garde corse, l’expression littorale le concernant de :

« Fils aîné de l’Eglise »

De même, au XVII ème siècle, les grands prédicateurs qualifient souvent le roi de « Fils aîné de l’Eglise ». Ainsi, en est-il de Mgr. Jacques-Bénigne Bossuet, Evêque de Meaux et prédicateur à la Cour de France :

« La France portera toujours des Charlemagne, des saints Louis et des Louis le Grand, et ces rois apprendront qu’être roi de France, c’est être vraiment Très Chrétien, vrai Fils aîné de l’Eglise, et son protecteur naturel contre les impies. »

Il reste que le roi a maille à partir avec la papauté ; mais, s’il semble s’incliner à propos de la Régale (imposition par l’Etat des biens de l’Eglise) ; « la Déclaration des Quatre Articles sur la puissance ecclésiastique et la puissance séculière » votée le 19 mars 1682 par l’Assemblée Générale Extraordinaire du Clergé de France que, lui-même et l’évêque de Meaux, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) ont inspirée, reste l’une des sources essentielles du gallicanisme.

  • Le 26 décembre 1687 le pape Innocent XI (33) excommunie le roi Louis XIV qui a formé l’Église gallicane et fait occuper un quartier de Rome par 600 hommes pour maintenir les franchises ; la lettre sera gardée secrète jusqu’à sa découverte en 1913 dans les archives du Vatican.
  • En 1690, le pape Alexandre VIII (34) déclare nulle et sans valeur « la Déclaration sur les Libertés de l’Église Gallicane ». Le 07 décembre 1690, il condamne trente trois propositions hérétiques, dont la 29 ème :

« Le pouvoir du pontife romain au-dessus du concile, et son infaillibilité dans la décision des questions de foi, est une assertion futile et cent fois réfutée. » 

Cette proposition condamnée résume en fait la pensée gallicane.

  • Le 07 septembre 1731, le Parlement de Paris vote une « Déclaration de Quatre Articles » (cassée ensuite par le Conseil du Roi) qui va jusqu’à prévoir l’annulation des actes de l’autorité épiscopale.

30) Pape Grégoire XIV – Pontifex maximus du 05 décembre 1590 au 16 octobre 1591
31) Pape Paul V – Pontifex maximus du 16 mai 1605 au 28 janvier 1621
32) Pape Clément IX – Pontifex maximus du 20 juin 1667 au 09 décembre 1669
33) Pape Innocent XI – Pontifex maximus du 21 septembre 1676 au 12 août 1689
34) Pape Alexandre VIII – Pontifex maximus du 06 octobre 1689 au 01 février 1691

LA REVOLUTION FRANCAISE : de 1789 à 1799

Avec la Révolution française — 05 mai 1789 au 09 novembre 1799 —

le Gallicanisme, courant catholique séculaire et notamment d’Ancien Régime, ne disparait pas pour autant ; au contraire même, il figure parmi les éléments marquant une continuité entre l’ancien et le nouveau monde et on peut même affirmer que c’est dans cette période politique atypique que s’accomplirent les idées gallicanes les plus radicales.

En effet, le nom de la France est attaché à la Révolution générale du monde, qu’on nomme la Révolution française ; il l’est non moins glorieusement au Gallicanisme, qui la prépara, et qui en reste la partie religieuse ô combien importante et prégnante.

Le clergé français du XVIII ème siècle est largement gagné aux idées gallicanes, ce qui permit, au début de la Révolution française, l’adoption le 12 juillet 1790 de la Constitution civile du clergé qui écartant le pape de l’Eglise, est donc une constitution religieuse d’inspiration gallicane.

Ainsi, la Révolution française, à travers l’adoption de la Constitution civile du clergé le 12 Juillet 1790, contresignée par le roi Louis XVI ( 1754 – 1793 ) — roi de France du 10 mai 1774 au 14 septembre 1791 puis roi des Français du 14 septembre 1791 au 21 septembre 1792 — le 24 août 1790 fera triomphée l’idée d’Edmond Richer (1560-1631).

Idée selon laquelle le Gallicanisme chemine vers une forme d’étatisation inédite de l’Eglise de France matérialisée par une volonté de calquer les structures religieuses sur l’organisation administrative de l’Etat, faisant ainsi sienne cet adage : « l’Eglise est dans l’Etat » ; en ce que les membres du clergé sont assimilés à des fonctionnaires salariés par l’État sous réserve de prêter un serment de fidélité à la Constitution à partir du 4 janvier 1791.
Cette vision religieuse fut soutenue par le grand canoniste gallican, Pierre-Toussaint Durand de Maillane mais aussi, par l’abbé Henri-Baptiste Grégoire nourri de Gallicanisme, figure emblématique de la Révolution française et député à la Convention nationale ayant prôné l’abolition totale des privilèges, l’abolition de l’esclavage et l’abolition de la peine de mort mais aussi l’adoption du suffrage universel et l’égalité des droits civils pour les juifs. Un prélat de haute facture et de haute lignée qui cristallisa sur sa personne de solides inimitiés dans la hiérarchie catholique pendant cette période révolutionnaire mais aussi au-delà puisque plus d’un siècle et demi après sa mort, l’Eglise romaine —qui exalte tant

« la religion de l’amour, du partage et de l’ouverture »

— refusa de s’associer au transfert de ses Cendres au Panthéon en 1989 ! ! !
Après une longue hésitation, le pape Pie VI (35) condamna cette Constitution civile du clergé proprement gallicane par laquelle non seulement l’Eglise de France s’émancipe de la tutelle de Rome mais aussi, par laquelle le Pape est cantonné à une fonction symbolique de représentant de l’Eglise universelle ; ce qui eut pour conséquence une division du clergé français entre « jureurs » et « réfractaires.»

Au XX ème siècle d’aucuns iront même jusqu’à affirmer que c’est sans doute l’échec de cette fusion organique entre l’Eglise Gallicane et l’Etat français qui conduira à penser le principe de la la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat du 09 décembre 1905.

35) Pape Pie VI – Pontifex maximus du 15 février 1775 au 29 août 1799

LE CONSULAT ET LE PREMIER EMPIRE : de 1789 à 1815

Napoléon Bonaparte (1769 – 1821) devenu Ier Consul (du 10 novembre 1799 au 14 mai 1804) puis Napoléon 01er Empereur des Français (du 18 mai 1804 au 04 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 07 juillet 1815) constatant que la Révolution française a laissé l’Eglise de France dans un état de délabrement entreprend de rétablir la religion catholique par le Traité du Concordat (17 articles) signé le 15 juillet 1801 (26 messidor an IX) avec le pape Pie VII (36) ; Concordat qui est complété par les Articles Organiques du 08 avril 1802 (18 germinal an X) qui organisent l’exercice des cultes catholiques (77 articles) et protestants (44 articles) et dont le premier promoteur fut Jean Etienne-Marie Portalis (avocat, jurisconsulte, philosophe).

La conciliation de l’héritage révolutionnaire avec le rétablissement de la religion catholique est une gageure pour le nouveau régime politique impérial qui, tout en faisant perdre à la religion catholique son statut de « Religion d’Etat » ; déclare et acte dans le même temps qu’elle est celle de « la plus grande majorité des citoyens français » ; mais aussi, porte au plus haut des pavois le Gallicanisme de l’Eglise catholique de France ; et enfin, reconnait juridiquement l’existence des principales autres religions.

• L’ empereur s’est efforcé de concilier le rôle conféré au pape par le Concordat avec les exigences gallicanes, limitant son influence autant que possible dans tous ses Etats. En cela, il est le digne héritier de plusieurs siècles d’indépendance de la Couronne vis à vis du Saint Siège — principe cardinal par excellence du Gallicanisme — ; et ce, depuis saint Louis, Philippe Le Bel et la Pragmatique sanction de Charles VII en 1438, jusqu’aux Etats Généraux de 1614-1615, Louis XIV et la Constitution civile du clergé de 1790.

A l’instar de Louis XIV, Napoléon 1er sera l’objet, dès 1807, des armes de l’excommunication du pape Pie VII ; qui sera émise le 10 juin 1809 par la Bulle

« Quum memoranda » qui ne fait pas pour autant mention explicite de l’empereur mais se contente d’incriminer « tous les responsables des attentats commis à Rome contre les droits même temporels de l’Eglise et du Saint Siège. »
• Bonaparte puis Napoléon aura très vite saisi l’importance du lien étroit entre le pouvoir religieux et la puissance séculière. En cela, il est aussi le digne héritier des penseurs du siècle des Lumières qui encourageaient le contrôle de l’Eglise par l’Etat tout en faisant l’apologie de la tolérance religieuse.
Dès lors, le Gallicanisme est pleinement ancré dans le Consulat puis fortement consacré par l’Empire au travers de décisions et de mesures consulaires et impériales fortes et prégnantes qui imprimeront le régime post Révolutionnaire dans un gallicanisme rarement égalé. Ainsi, en témoignent les actes suivants :

– à compter de la signature du Concordat le 15 juillet 1801, application effective et entière de la « La Déclaration des Quatre Articles sur la puissance ecclésiastique et la puissance séculière » rédigée par Mgr. Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) Evêque de Meaux, Mgr. Gilbert de Choiseul (1613 -1689) Evêque de Tournais et Mgr. Charles Maurice Le Tellier (1642-1710) Archevêque de Reims ; et votée le 19 mars 1682 par l’Assemblée générale extraordinaire du clergé de France ;

– à compter du 08 avril 1802, les Articles organiques impériaux du 08 avril 1802 (18 germinal an X) qui organisent l’exercice des cultes religieux imposent l’enseignement de la « Déclaration des Quatre Articles » du 19 mars 1682 dans les séminaires ; puis à compter de 1808 dans les facultés de théologie

à compter du 17 février 1810, un Sénatus-Consulte Organique rédigé et signé de l’Empereur décide :

* en son article 12 que :

« Toute souveraineté étrangère est incompatible avec l’exercice de toute autorité spirituelle dans l’intérieure de l’Empire »

* en son article 13 que :

« Lors de leur exaltation, les papes prêteront serment de ne jamais rien faire contre les Quatre propositions de l’Eglise Gallicane, arrêtées dans l’assemblée du clergé en 1682 »

* en son article 14 que :

« Les Quatre propositions de l’Eglise Gallicane sont déclarées communes à toutes les églises catholiques de l’Empire. »

Ce Sénatus-Consulte Organique fait donc de la « Déclaration des Quatre Articles » du 19 mars 1682, une loi de l’Empire français qui énonce comme principe cardinal que

« les princes ne sont pas soumis à l’autorité de l’Eglise dans les choses temporelles. »

A bien des égards le régime concordataire (le Concordat et les 77 Articles organiques) accroît l’étatisation de l’Eglise de France tout en rétablissant l’essentiel des techniques juridiques gallicanes élaborés sous l’Ancien Régime : le clergé est fonctionnarisé, les cultes ont un statut quasi analogue à celui d’un service public, la nomination des évêques se déroule selon le Concordat de Bologne signé entre le roi François 1er et le pape Léon X (37) en 1516, le Conseil d’Etat vérifie les textes pontificaux préalablement à leur réception dans l’Etat et les assortit d’un ordre d’exécution.

Ainsi, les Articles Organiques imposés unilatéralement par Napoléon Bonaparte sont manifestement d’essence gallicane ; ce qui permettra à Jean-Etienne-Marie Portalis, avocat, jurisconsulte, philosophe d’affirmer :

« d’après les vrais principes catholiques, le pouvoir souverain en matière spirituelle réside dans l’Église et non dans le pape, comme, d’après les principes de notre ordre politique, la souveraineté en matière temporelle réside dans la nation et non dans un magistrat particulier ».

Dès lors, le Gallicanisme a intégré le champ du droit public pour former ce qu’on appelle désormais au XIX ème siècle, le « droit public ecclésiastique français » qui par ailleurs fait son entrée dans les traités de droit administratif.

– à compter du 04 avril 1806 la mise en place d’un Catéchisme impérial introduisant le dogme du principe de soumission politique et d’indépendance vis à vis de l’Eglise romaine qui ne saurait créée les empires et les distribuer acte encore plus l’orientation ô combien gallicane du régime impérial ; catéchisme impérial de 1806 ayant eu pour modèle le catéchisme de Fleury de 1679 et le catéchisme de Meaux (de Mgr Bossuet) de 1687.

C’est le paragraphe 39 des Articles Organiques du 08 avril 1802 que Bonaparte avait annexés au Concordat du 15 juillet 1801 qui posa le principe d’un Catéchisme unique que l’empereur lui même n’hésita pas à remanier, à amender ou encore à compléter.

Jean-Etienne-Marie Portalis dirigea de bout en bout la rédaction de ce fascicule, dont il confia l’écriture à des ecclésiastiques Sulpiciens de Paris mais aussi à son neveu, l’abbé Paul-ThérèseDavid d’Astros, à Mgr Etienne-Alexandre Bernier, Evêque d’Orléans, au cardinal CharlesFrançois-Marie Caselli et à son aumônier François Bertazzoli. Le texte fut examiné à Rome par une Congrégation formée de cinq consulteurs dont aucun n’avait la pourpre cardinalice et qui ne généra aucune condamnation publique du Saint Siège en dépit de certains devoirs imposés, par ce Catéchisme, aux sujets envers l’Empereur.

Et le 30 mars 1806, en vertu de l’autorité apostolique dont il était revêtu en qualité de légat a latere du saint Siège et du pape Pie VII, le cardinal Giovanni Battista Caprara-Montecuccoli proposa et recommanda le Catéchisme Impérial à l’usage de toutes les églises de l’Empire.

• Bonaparte puis Napoléon aura aussi très vite saisi l’importance du lien étroit entre religion du souverain et religion de la nation. Et pour se faire, dans le domaine des affaires religieuses, l’empereur s’est entouré notamment d’un prélat gallican de haut rang, Mgr Jean Baptiste Duvoisin (1744-1813) Evêque de Nantes, qui fait office de conseiller religieux de l’empereur durant tout le régime impérial.

Le Concordat du 15 juillet 1801 et ses Articles organiques — posant les termes d’un gallicanisme qui n’a jamais été poussé aussi loin au sein de ses propres limites — est le prélude au couronnement impérial du 02 décembre 1804.

• En effet, si le Sacre impérial du 02 décembre 1804 rompt avec le cérémonial des rois de France tant par le lieu que par le déroulement de l’office, c’est qu’il s’agit en réalité d’une cérémonie ô combien œcuménique et gallicane en ce que :

– les débats intervenus au sein du Conseil d’Etat réuni à compter du 12 juin 1804 puis à compter du 16 octobre 1804 — après l’adoption du Sénatus-consulte du 18 mai 1804 instaurant l’Empire — sont révélateurs d’un « mélange de gallicanisme et de pragmatisme politique qui anima le projet du Sacre.» Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer aux notes sténographiées de l’auditeur au Conseil d’Etat Monsieur Lecouteulx qui retranscrivit les échanges verbaux entre l’Empereur, Michel Regnaud de Saint Jean d’Angély, Jean-Jacques Régis de Cambacérès, André-François Miot de Mélito, Jean-Etienne-Marie Portalis, JeanBaptise Treilhard, Jacques Defermon des Chapelières, Jean-Pierre Bachasson de Montalivet, Siméon, Jean-Girard Lacuée de Cessac, Louis-Philippe de Ségur actant un volontarisme gallican tant dans l’ajout d’une onction divine à une onction populaire par l’idée du Sacre que de la nécessité d’un cérémonial gallican du Sacre lui-même.

– le gouvernement français n’acceptant ni le pontifical romain exigé par le pape Pie VII, ni le cérémonial rémois en usage pour le couronnement des rois de France, ce fut Mgr Etienne Alexandre Bernier, Evêque d’Orléans qui, s’inspirant de l’un et de l’autre, composa un cérémonial nouveau amplement gallican, qu’il présenta au pape Pie VII

– la simple venue du pape à Paris plutôt que le contraire, pour oindre l’empereur entouré de tous les Evêques de France et de tous les Cardinaux de l’Eglise romaine, porte déjà en soi l’empreinte du gallicanisme. Avant Napoléon, seuls le roi Pépin III dit « le Bref » (714 – 768) — roi des Francs de novembre 751 au 24 septembre 768 — le 28 juillet 754 par le pape Etienne II (38) à l’abbaye royale de saint Denis ; puis le roi Louis 1er dit « le Pieux » ou « le Débonnaire » (778 – 840) — roi d’Aquitaine puis empereur d’Occident —le 05 octobre 816 par le pape Etienne IV (39) à Reims (il fut le premier d’une longue lignée de monarques à être sacré en ce lieu) avaient été sacrés par la puissance papale sur le sol de France.

– après avoir reçu la triple onction et les ornements impériaux, en se couronnant lui-même, avant de poser un diadème sur la tête de l’impératrice alors que le pape est resté assis, Napoléon a signifié au souverain pontife que son pouvoir ne dépendait aucunement de l’Eglise romaine qui ne pouvait donc prétendre le déposer. Ce geste fort, représenté dans le tableau du peintre David traduit l’indépendance du pouvoir vis à vis de la papauté tant du point de vue de son étendue temporelle que spirituelle

– le 26 mai 1805 au Dôme de Milan, Napoléon, suivant le rituel du sacre de Paris est couronné roi d’Italie en se coiffant lui-même de la Couronne de Fer, au-dessus de la couronne impériale ; alors même que la tradition attribut ce rôle à l’archevêque de Milan, actant une nouvelle fois l’indépendance de la France vis à vis de Rome

durant les Cents jours, Napoléon procède à la réplique de la cérémonie du sacre du 02 décembre 1804 lors d’une messe célébrée par l’archevêque de Tours devant l’Ecole militaire, actant encore une fois l’indépendance de la France vis à vis du pouvoir temporel du pape.

• Napoléon 1er, désireux de renouer avec l’héritage des anciens rois, tenta de revendiquer le titre de « Fils aîné de l’Eglise » et l’utilisa même dans ses lettres au pape, mais il n’y eut pas de répondant de la part de Pie VII tant les relations entre la France et le Saint Siège sous le Ier empire furent exécrables en dépit de la signature du Concordat, du sacre de l’empereur par le pape et de la présence pendant huit ans à Paris du cardinal-légat Giovanni Battista Caprara-Montecuccoli.

Le Cardinal Giovanni Battista Caprara-Montecuccoli, envoyé en France avec le titre de « légat a latere du Saint Siège et du Saint Père le Pape Pie VII » qui, par Arrêté du 08 avril 1802 (18 germinal an X) de Bonaparte, 1er Consul :

– était autorisé à exercer ses fonctions énoncées dans la Bulle donnée à Rome le 05 fructidor an IX à charge de se conformer entièrement aux règles et usages observées en France

– devait jurer et promettre de se conformer, selon la formule usitée, aux lois de l’Etat et aux Libertés de l’Eglise Gallicane

– devait, après la fin de sa légation, n’exercer directement ou indirectement, soit en France soit hors de France, aucun acte relatif à l’Eglise Gallicane.

En somme, l’ambiance n’était nullement propice pour que le Pontife Pie VII nomme l’empereur Napoléon 1er son « Fils aîné. »

36) Pape Pie VII – Pontifex maximus du 14 mars 1800 au 20 août 1823
37) Pape Léon X – Pontifex maximus du 11 mars 1513 au 01 décembre 1521
38) Pape Etienne II – Pontifex maximus du 26 mars 752 au 26 avril 757
39) Pape Etienne IV – Pontifex maximus du 12 juin 816 au 24 janvier 817

LA RESTAURATION : de 1815 à 1845

• Avec la Restauration — 06 avril 1814 au 24 février 1848 —

au visa de sa subordination à l’Etat, le gallicanisme perd du terrain au sein du clergé français qui se romanise progressivement, avec la victoire des ultramontains en philosophie, en théologie morale, dans la liturgie et dans les formes de la piété.
Dans cette évolution, l’Abbé Félicité-Robert de Lamennais (prêtre et philosophe français), avec son livre « Essai sur l’indifférence en matière de religion » datant de 1823 y joue un rôle pionnier. Et on voit poindre le triomphe de l’ultramontanisme.
Néanmoins, des îlots et non des moindres portent au plus hauts des pavois les couleurs millénaires et toujours aussi vivaces du gallicanisme :
– d’une part, certaines institutions religieuses restent fidèles au gallicanisme comme la faculté de théologie de la Sorbonne et le séminaire de Saint Sulpice ;
d’autre part, de nombreux religieux gallicans restent présents dans l’épiscopat : Mgr JacquesMarie- Césaire Mathieu archevêque de Besançon, Mgr Félix Dupanloup Evêque d’Orléans, Mgr Denys-Auguste Affre et Mgr Georges Darboy Archevêques de Paris. Leur opposition à la centralisation romaine rejoint celle des défenseurs d’un catholicisme libéral, comme Charles de Montalembert, ou d’un néo-gallicanisme ouvert à la démocratie, dont le théoricien est Mgr Henry Maret, professeur à la Sorbonne.

En 1817, le pape Pie VII refuse d’approuver le nouveau Concordat négocié avec les Bourbons restaurés, parce qu’il le juge trop gallican. Le Concordat de 1801, un moment abrogé par Napoléon (1812), restera donc en vigueur jusqu’en 1905.

• Louis XVIII (1755 – 1824)

roi de France du 06 avril 1814 au 20 mars 1815 puis du 08 juillet 1815 du 16 septembre 1824 — désireux de renouer avec l’Histoire des rois et de l’Eglise de France s’adressa en ces termes au pape Léon XII (40) peu après son élection en 1823 au trône de saint Pierre :

« Animés des mêmes intentions que les rois mes prédécesseurs,
je me plais à déclarer à Votre Sainteté qu’en ma qualité de Fils aîné de l’Eglise je regarde comme un devoir de justifier ce titre glorieux que j’ai reçu avec la couronne, en employant la puissance que la divine Providence m’a confiée à seconder, autant qu’il me sera possible, les pieuses intentions qui dirigeront Votre Sainteté dans les soins de son gouvernement. »

• Charles X (1757 – 1836)

roi de France du 16 septembre 1824 au 01 août 1830 — qui fut le dernier roi gallican de France, marqua son règne de façon significative car avec lui c’est le gallicanisme le plus traditionnel qui inspira les Ordonnances de 1828 en ce qu’elles excluent de l’enseignement les congrégations non autorisées, notamment les jésuites, et obligent à nouveau d’enseigner les Quatre Articles de 1682 dans les séminaires.

A souligner qu’à l’instar de tous ces prédécesseurs, le roi Charles X — y compris après son exil — continua à porter le titre de « Fils aîné de l’Eglise » et après lui ses successeurs : d’abord, son fils aîné le Duc d’Angoulême qui prit le nom de Louis XIX après la mort de son père en 1836, puis son neveu le comte de Chambord qui prendra le nom de Henri V.

• Louis-Philippe ( 1773 – 1850 )

— roi des Français du 09 août 1830 au 24 février 1848 — était le fils de Philippe-Egalité qui en 1793 avait voté la mort de son cousin, Louis XVI et étant considéré comme un usurpateur par les légitimistes, il ne revendiqua quant à lui jamais le titre de « Fils aîné de l’Eglise.»

Or paradoxalement, sous son règne, la qualité de « Fils ainé » de l’Eglise attribué pour la première fois le 14 janvier 1495, par le pape Alexandre VI (41) au roi Charles VIII dit « l’Affable » (1470 – 1498) — roi de France de 1483 à 1498

—, sera à nouveau mise en exergue pour revêtir une acception nouvelle allant de « Fils aîné » de l’Eglise à « Fille aînée » de l’Eglise.

En effet, le 04 décembre 1836 la France, est nommée pour la toute première fois dans l’histoire, « Fille aînée de l’Église de Jésus » et ce, dans un rapport rédigé par le bienheureux Frédéric Ozanam à la Société de Saint Vincent de Paul dont il est le fondateur :

« Comme les rayons du soleil qui, sans se détacher de l’astre, vont éclairer tous les points de la terre ; comme le sang qui, parti du coeur, va porter la vie aux extrémités ; puissent nos conférences émanées de celle de Paris, s’étendre par toute la France, régénérer la jeunesse de cette belle contrée, lui préparer des destinées meilleures, l’aider à redevenir croyante et heureuse ; la France qui est la patrie de saint Vincent de Paul, la terre consacrée à Marie, la Fille aînée de l’Eglise de Jésus Christ. »

Ce texte de Frédéric Ozanam montre que ce n’est donc point Henri-Dominique Lacordaire qui eut le premier l’idée d’attribuer à la France, en tant que peuple, le titre de « Fille aînée de l’Eglise » après la chute Charles X. Pour autant, il est acquis que c’est bien le discours prononcé le 14 février 1841 par Lacordaire à Notre Dame de Paris pour l’inauguration de l’Ordre des Frères Prêcheurs en France, qui donna un certain retentissement à cette nouveauté conceptuelle.

– En effet, c’est le 14 février 1841, dans son « Discours sur la vocation de la nation française », prononcé à Notre Dame de Paris, que le dominicain Henri-Dominique Lacordaire, restaurateur des Frères prêcheurs, évoquant le lien entre le comte de Marnes (prétendant au trône sous le nom de Louis XIX) alors en exil et sa filiation avec l’Église déclara :

« La nation française était la première nation catholique donnée à Dieu par son Eglise. Il a plu à la papauté d’appeler nos rois les « Fils aînés de l’Eglise. »

« De même que Dieu a dit à son Fils de toute éternité : tu es mon premier-né ; la papauté a dit à la France : tu es ma Fille aînée. »

Au lien politique et personnel entre le roi et le pape : « Fils aîné » s’est donc substitué une relation privilégiée entre le pape et la nation française « Fille aînée » ; marquant ainsi la place éminente occupée par la France dans l’ensemble de la chrétienté catholique.

• Le 15 août 1832, l’Encyclique « Mirari vos », publiée par le pape Grégoire XVI (42) renouvelle les condamnations contre le rationalisme et le gallicanisme, si vigoureusement dénoncés depuis quinze ans par Félicité-Robert de Lamennais, prêtre, philosophe, homme politique. Le clergé se tourne de plus en plus vers Rome, si bien que, au cours du XIX ème siècle, le gallicanisme est remplacé, peu à peu, par l’ultramontanisme.

40) Pape Léon XII – Pontifex maximus du 28 septembre 1823 au 10 février 1829
41)  Pape Alexandre VI – Pontifex maximus du 11 août 1492 au 18 août 1503
42) Pape Grégoire XVI – Pontifex maximus du 02 février 1831 au 01 juin 1846

LA IIème REPUBLIQUE : de 1848 à 1852

Paradoxalement, après la chute du roi Louis-Philippe en 1848, le Gouvernement provisoire de la II ème République composé de onze membres (qui perdurera du 24 février 1848 au 02 décembre 1852 jusqu’à la proclamation de Louis-Napoléon Bonaparte comme Empereur des français) reprit officiellement à son compte l’expression : « Fille aînée de l’Eglise » dont l’expression littérale reste toujours d’actualité.

Ainsi en 1848, alors que le pape Pie IX (43) est en prise avec la révolution romaine, le ministre français des Affaires étrangères, Jules Bastide écrivit à l’ambassadeur de France à Rome, François d’Harcourt :

« Dites à Sa Sainteté, qu’Elle peut venir avec confiance chez cette nation qui sera toujours la Fille aînée de l’Eglise.»

Cette invitation fut renouvelée le jour de Noël 1848 quelques jours après l’élection de Napoléon Bonaparte à la présidence de la République le 10 décembre 1848, par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Edmond Drouin de Lhuis, qui écrivit de nouveau à l’ambassadeur de France à Rome, François d’Harcourt :

« Je compte sur votre tact pour faire valoir aux yeux de Pie IX toutes les raisons capables de le déterminer à chercher momentanément asile au sein de notre nation éminemment catholique qui a mérité le nom de Fille aînée de l’Eglise.»

Si Pie IX a décliné cette invitation insistante, il reste qu’il fut rétabli dans ses Etats pontificaux en Juillet 1849 par les troupes françaises. Et il est remarquable qu’à cette occasion le Gouvernement de la République française ait explicitement invoqué le rôle de la France comme

« Fille aînée de l’Eglise.»

Il est important d’acter que cette formulation millénaire de « Fils aîné de l’Eglise » puis de « Fille aînée de l’Eglise » appliquée dès l’origine et, pour des siècles, au roi gallican et au catholicisme gallican :

– d’une part, trouve sa genèse dans la conversion de Clovis qui reçu le 25 décembre 498 le baptême des mains de Saint Rémi, évêque de Reims. C’est donc au travers du sacrement du baptême de ce roi que l’expression « Fils aîné de l’Eglise » puis « Fille ainée de l’Eglise » — qui sera énoncée officiellement bien des siècles plus tard — trouve son fondement premier

– d’autre part relève tout à la fois d’un lien politique et personnel entre le roi et le pape : « Fils aîné » qui, par la suite, s’est substitué en une relation privilégiée entre le pape et la nation française « Fille aînée » ; marquant ainsi la place éminente occupée par la France dans l’ensemble de la chrétienté catholique
– enfin –, objective une acception, puis une prise de possession, de sa formulation littérale par la papauté et ce, quelque soit le régime politique que la France a connu et quelque soit l’orientation que le catholicisme français a connu : gallican ou romain.

Aussi, nous ne pouvions faire l’économie de l’analyse de cette notion élaborée, construite et pérennisée par Rome ou par des ecclésiastiques français au visa, ab initio, de l’action de rois gallicans et d’un clergé gallican porteurs de valeurs et de préceptes fondateurs d’une préséance chrétienne française dans l’universalité du monde catholique.

43) Pape Pie IX – Pontifex maximus du 16 juin 1846 au 07 février 1878

LE SECOND EMPIRE : de 1852 à 1870

Louis-Napoléon Bonaparte devenu Napoléon III (1808 – 1873) — Empereur des Français du 02 décembre 1852 au 04 septembre 1870.

• Le 8 décembre 1864, l’Encyclique « Quanta cura » publiée par le pape Pie IX condamne le rationalisme, le gallicanisme, le socialisme, le libéralisme. Cette encyclique est accompagnée d’un « Syllabus Errorum » portant le titre de « Recueil renfermant les principales erreurs de notre temps qui sont signalées dans les allocutions consistoriales, encycliques et autres lettres apostoliques de Notre Très Saint-Père le pape Pie IX.» L’action centralisatrice de ce pape entraîne une réaction néogallicane d’évêques qui tiennent à sauver les libertés et traditions de l’Eglise de France.

Par le premier Concile du Vatican nommé couramment « Vatican I » (08 décembre 1869 – 18 juillet 1870) sous le pontificat du pape Pie IX actant la déclaration de la primauté de juridiction immédiate du pape sur toute l’Église et la proclamation de son infaillibilité ; puis par la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905) le gallicanisme a été plus ou moins mis à mal tant le courant ultramontain se développa dans tout le monde catholique.

LA IIIème REPUBLIQUE : de 1870 à 1940

A la chute du Second Empire en 1870 succède la III ème République — du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940 — soit pendant 70 ans et sera marquée tant par la résurgence de l’expression : « France Fille aînée de l’Eglise » que par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 09 décembre 1905.

• Si, dans un premier temps , la référence littérale à cette formulation durant la seconde moitié du XIX ème siècle resta parcellaire — on ne la trouva guère que sous la plume des papes dans leurs encycliques ou dans leurs lettres — voire même, elle fut absente des grands dictionnaires de la langue française ; pour autant, dans un second temps, par l’impulsion d’un haut prélat français, le Saint Siège n’aura de cesse de rappeler que la France comme « Fille aînée de l’Eglise », est héritière d’un riche passé.

En effet, il semble que le nouveau rebond et donc la célébrité pérenne de cet axiome « France Fille aînée de l’Eglise » soit l’avènement de la célébration du quatorzième centenaire du baptême de Clovis.

Ainsi en 1896, le cardinal Benoît-Marie Lanugineux, archevêque de Reims, saisit l’occasion de la commémoration du baptême de Clovis pour multiplier les homélies sur le thème de « La France Fille aînée de l’Eglise ». Il offre par la même occasion une lampe à la basilique saint Pierre, destinée à brûler devant le tombeau de sainte Pétronille, et dont l’huile sera payée par l’Eglise de France.
Le pape Léon XIII (43) devait faire écho au cardinal Benoît-Maire Langénieux :

– le 06 janvier 1896, en adressant une lettre à l’archevêque de Reims, le cardinal Benoît-Marie Langénieux :

« On peut dire que ce baptême du royaume des Francs, et, assurément, les conséquences historiques de cet événement mémorable ont été de la plus haute importance, non seulement pour le peuple nouveau qui naissait à la foi du Christ, mais pour la chrétienté elle-même, puisque cette noble nation devait mériter, par sa fidélité et ses éminents bienfaits, d’être appelée la Fille aînée de l’Eglise.»

– le 08 janvier 1896, par une Lettre apostolique « Magni Commemoratio », en accordant à la France un Jubilé extraordinaire à l’occasion du XIV ème centenaire du baptême de Clovis et donc de sa conversion :

« C’est dans ce baptême mémorable de Clovis que la France a été elle-même comme baptisée ; c’est de là que date le commencement de sa grandeur et de sa gloire à travers les siècles »

Ce concept de « Fille aînée » va, dés lors, servir de support à un discours visant à exalter la place éminente de la France dans l’ensemble de la chrétienté catholique ; et ce, d’autant plus qu’après la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 09 décembre 1905, la référence à cette formulation littérale prendra les allures d’une révolte contre la société française en voie de sécularisation.

On assiste alors, à compter de cette date, à une romanisation de l’Eglise de France en ce que la France gallicane devient ultramontine.

• Le vote et l’application de la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat du 09 décembre 1905 — à l’initiative du député républicain-socialiste Aristide Briand — ont été les dernières étapes du mouvement de laïcisation et de sécularisation engagé en 1789.

Ce 09 décembre 1905 est une date capitale qui met fin au Concordat napoléonien de 1801 (sauf en Alsace Lorraine), mais aussi et surtout à l’antique union entre l’Église catholique de France et le pouvoir politique —comme cela fut le cas sous l’Ancien Régime avec « l’alliance mystique du trône et de l’autel » ou « l’alliance du glaive et de la croix.»

Cette loi de séparation instaure donc la laïcité en France et depuis 2011, elle a même sa « Journée nationale de la laïcité » chaque 9 décembre.

La loi est violemment critiquée par le pape Pie X (44) au travers d’une Lettre Encyclique « Vehementer nos » du 11 février 1906, qui condamne la rupture unilatérale du Concordat, proteste contre les nouvelles spoliations et refuse catégoriquement la mise en place des associations cultuelles, incompatibles avec l’organisation hiérarchique canonique catholique et les fonctions ministérielles respectives de l’évêque et du curé qui en découlent.

Cette première protestation sera suivie d’une seconde au travers de l’Encyclique « Gravissimo officii munere » promulguée par le pape Pie X le 10 août 1906 sur les associations cultuelles dont la création est prévue par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, « pour subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice public d’un culte ».

Une partie du clergé français — en particulier Mgr Louis Duchesne — appuie la loi, tandis qu’une autre partie de la droite catholique s’y oppose violemment — l’Action Libérale Populaire (parti politique français représentant les catholiques ralliés à la République, qui existera de 1901 à 1919) et la Nouvelle Action Française (mouvement politique français désireux d’instaurer en France une monarchie constitutionnelle incarnée par le comte de Paris ; transformée en Nouvelle Action royaliste en 1978)—.

Les Juifs et les Protestants quant à eux, font bon accueil à une loi qui correspond à leur mode d’organisation traditionnel de type presbytérien.

Après la Première Guerre mondiale, on assiste à un rapprochement diplomatique entre la République française et le Saint Siège notamment au visa que :
le pape Benoît XV (45) se montre autrement plus conciliant que le pape Pie X (46), notamment en promettant de consulter Paris avant la nomination des évêques
– des canonisations de Jeanne d’Arc (1920), de Thérèse de Lisieux (1925), de l’abbé Jean-Marie Vianney dit le curé d’Ars (1925), de Bernadette Soubirous (1933)
de la visite en qualité de légat du pape, du cardinal Eugenio Pacelli (futur pape Pie XII 47 ) venu en 1937 en France, en plein Front Populaire, consacrer la basilique de Lisieux
de la présence des autorités civiles françaises en 1938 aux cérémonies organisées à l’occasion du 300 ème anniversaire du voeu de Louis XIII consacrant la France à la Vierge.

Le dialogue avec le Vatican aboutit le 18 janvier 1924 au travers de l’Encyclique « Maximam gravissimamque » du pape Pie XI (46) à de nouvelles relations diplomatiques avec l’État français et l’Eglise de France (sans support juridique depuis la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

De 1925 à 1930, les rapports entre le pape, l’Eglise de France et l’Etat républicain connaissent de profonds changements marqués par l’affirmation de la primauté pontificale et l’établissement de rapports nouveaux entre l’Eglise de Rome et la République française.

Ainsi, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la France plus ou moins « romanisée » pouvait apparaître comme la Fille, non seulement aînée, mais aussi préférée du Saint Siège.

43) Pape Léon XIII – Pontifex maximus du 20 février 1878 au 20 juillet 1903
44) Pape Pie X – Pontifex maximus du 04 août 1903 au 20 août 1914

45) Pape Benoît XV – Pontifex maximus du 03 septembre 1914 au 21 janvier 1922
46) Pape Pie XI – Pontifex maximus du 06 février 1922 au 10 février 1939

47) Pape Pie XII – Pontifex maximus du 02 mars 1939 au 09 octobre 1958

L'ETAT FRANCAIS DE VICHY : de 1940 à 1944

• « L’Etat Français » plus communément nommé de façon générique « régime de Vichy » puisque la mention « République Française » fut supprimée à compter de juillet 1940 est le régime institutionnel dirigé par le maréchal Philippe Pétain (1856 – 1951) — chef de l’Etat français du 11 juillet 1940 au 20 août 1944) — qui met en oeuvre une politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, caractérisée notamment par :

– des lois antisémites, la persécution et la déportation des juifs
– l’arrestation et la déportation de résistants, de francs-maçons, d’opposants politiques, d’homosexuels
– l’abandon, la dénutrition et la suppression des personnes affectées de troubles mentaux – la suppression de l’Eglise Catholique Gallicane de France.

• Sur ce dernier point il importe d’acter que le 15 ou 18 juillet 1944, le régime de « l’Etat Français de Vichy », par décret publié au Journal Officiel, non seulement interdit l’Eglise Catholique Gallicane de France mais aussi confisque ses archives et ses biens ; et ce, à la demande des autorités nazies qui ne toléraient pas que des prêtres gallicans bénissent tout être humain sans distinction

Dans le même temps, l’objectivité historique qui nous anime, nous oblige à préciser :

– d’une part, qu’une pluralité de membres de l’Eglise romaine se sont fourvoyés, corps et âme, avec le régime de Vichy
– d’autre part, que les errances marquées de l’épiscopat français ont donné lieu, pour nombres d’entre eux, à « célébrer » leur propre collaboration et collusion avec l’ennemi de l’intérieur (Vichy) et de l’extérieur (Berlin et Rome).

• En suite de cette épisode indigne de l’Histoire religieuse française, le libérateur de la France et futur fondateur de la V ème République française, le général Charles de Gaulle, qui « acceptait les valeurs autres que les siennes mais non l’absence de valeurs », redonnera à l’Eglise Catholique Gallicane ses lettres de noblesse :

– en déclarant que la dissolution de l’Eglise Gallicane était :

« désormais enfuie dans la fosse commune de nos déshonneurs nationaux »

– en prenant un décret autorisant, à nouveau, l’Eglise Gallicane, annulant celui de Vichy l’ayant interdit

– en mettant au ban de la société française ou en actant leur manque de civilité, ceux des prélats français qui, par leurs actions ou leurs prises de positions, auraient pu être frappé d’indignité nationale ou d’irrespect protocolaire :

* le 26 août 1944, il fera prier le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, qui avait présidé aux obsèques de Philippe Henriot — Secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du régime de Vichy — de ne point se rendre à Notre Dame pour « le Magnificat » de la Liberation de la France

* le 29 septembre 1963, il dira du cardinal Pierre Gerlier, Primat des Gaules, qui n’aura pas la courtoisie protocolaire d’attendre le Chef de l’Etat sur le parvis de sa cathédrale, en restera absent sans même l’avoir prévenu, tout en diffusant un libelle critique à l’endroit du Général à ses paroissiens :

« …. Le cardinal Gerlier, ce n’est pas le gallicanisme qui l’étouffe.
L’Eglise de France non plus, dans sa majorité, ni le patriotisme. Vichy l’attirait davantage …. Vichy c’était la France selon son coeur…. »

– en s’interrogeant, pour ne pas dire en s’inquiétant du devenir de l’Eglise de France et de l’Eglise en général quant aux effets du Concile Vatican II lorsqu’en visite à Rome, il déclara au pape Paul VI, le 31 mai 1967 :

« Comment la France pourrait-elle méconnaitre une histoire qui a fait d’elle la Fille ainée de l’Eglise ?
Or, les liens privilégiés tissés entre le Saint siège apostolique et la France, l’harmonie qui en procède bien souvent, quant aux sentiments, aux penses, aux actions, combien de signes vivants les attestent aujourd’hui ? »

L'EPOQUE CONTEMPORAINE

• Par le deuxième Concile du Vatican nommé couramment « Vatican II » — 11 octobre 1962 – 08 décembre 1965 — sous les pontificats des papes Jean XVIII (49) et Paul VI (50) , une nouvelle tendance se fait jour dans le catholicisme au travers d’un libéralisme désordonné et d’un universalisme déraisonné. L’audience de Rome décroît à nouveau malgré les voyages triomphaux des papes Jean Paul II (51), Benoît XVI  (52) et le Pape François (53) ; et on assiste à un regain d’autonomie des Eglises nationales et donc des particularismes tendant à revenir aux sources même de la vraie Foi et de la vraie liturgie.

L’Eglise ne cesse de se poser comme la seule détentrice de la Vérité, comme cela résulte de la Révélation, principe fondateur des monothéismes. Aussi, pour Rome, toutes les religions hormis la catholique sont fausses. La Vérité ne se partage pas et l’Eglise se définit comme la dépositaire de la Révélation et de la Vraie Foi…. Enfin….faut-il encore qu’elle soit à l’image du peuple de Dieu et des appétences de ce dernier à plus de vrai, de sacré et de liturgique.

• A compter de 1950, on assiste à une nouvelle éclipse de la formule « France, fille aînée de l’Eglise » et ce, pour une pluralité de raisons dont notamment :
– la crise des prêtres ouvriers français
– les interventions dérangeantes des Evêques français lors du Concile Vatican II – les critiques françaises contre l’Encyclique « Humanae Vitae » du pape Paul VI en 1968
– l’apparition dans le clergé français de mouvements progressistes et contestataires
– l’apparition d’une fracture au sein du catholicisme français entre les partisans d’un progressisme lié à Vatican II et les partisans d’un traditionalisme lié à Mgr Marcel Lefebvre qui générera un schisme en 1976 en ce que :

. le 22 juillet 1976, le pape Paul VI frappe Mgr Marcel Lefebvre d’une suspens a divinis (Can.1333 – §1), sanction pénale du Code de droit Canon consistant à priver l’intéressé de toutes ses fonctions sacerdotales et ce, pour avoir eu une « attitude consciente de se placer en opposition au pape et à l’Eglise. »

. le 01 juillet 1988, le pape Paul VI frappe Mgr Marcel Lefebvre d’une ex- communication latae sententiae (Can.1364 – §1), sanction pénale du Code de droit Canon consistant à exclure l’intéressé de la communauté chrétienne et ecclésiale et ce, pour avoir consacré le 04 juin 1988 à Ecône en Suisse, quatre évêques « traditionalistes » sans l’aval de Rome.

Un décret publié le 24 janvier 2009 par le cardinal Giovanni Baptista Re — préfet de la Congrégation pour les évêques —leva les excommunications portées sur les quatre évêques ordonnés illégalement par Mgr Marcel Lefebvre.
Pendant cette période la France semble avoir cessé d’être considérée à Rome comme la « Fille aînée » au sens de « Fille préférée », la Fille exemplaire de la papauté.

Et c’est ainsi que s’explique les apostrophes cinglantes et aux retentissements prégnants de deux papes du XX ème et XXI ème siècle :

– l’apostrophe du pape Jean Paul II le 01 er juin 1980, lors de son premier voyage apostolique en France :

« France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
Permets-moi de te demander : France, Fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ? »

– l’apostrophe du pape François le 19 mai 2016 dans un entretien au quotidien

« La Croix » :
« La France …. Fille aînée de l’Eglise ….mais pas très fidèle »

• Au XXI ème siècle donc, en ce III ème millénaire naissant, un constat s’impose : depuis des décennies, la place de l’Eglise dans notre société et les critiques faites à l’institution ne cessent de questionner tout un chacun, croyants ou non, pratiquants ou non ; et interpellent à toutes les strates de la hiérarchie tant religieuse, politique que sociétale.

Ainsi, si historiquement parlant, les polémiques contre l’Eglise de Rome, qu’elles viennent de l’intérieur ou de l’extérieur ont toujours existé ; aujourd’hui, émerge pour autant un paradoxe. En effet, nous sommes en France dans une société laïque, déchristianisée et globalement incroyante avec une Eglise catholique sans grand pouvoir ; alors que dans le même temps notre société reste exigeante à l’égard du catholicisme.

Pour autant le romanisme mu par une centralisation absolue, un pouvoir idoine y afférent et un manque flagrant d’adaptation à notre siècle génère en son sein voire même nourrit :

– non seulement un éloignement du peuple de Dieu des chapelles, des églises, des basiliques et des cathédrales — désertification des lieux de cultes —
– mais aussi transfert de facto, ce même peuple de Dieu, vers des entités évangéliques omniprésentes et omnipuissantes ou pire vers des fanatiques islamistes frappés de radicalité, attentatoires aux droits de l’homme ou meurtrières — incrédulité grandissante,
déchristinisation, irréligion —
– et enfin, n’impulse plus auprès des élus de Dieu, cet attrait du sacré et de la foi ; et pour combler ce vide existentiel Rome a recours aux palliatifs des diacres voire aux laïcs, renforcés dans leur nombre et dans leur pouvoir à qui l’on délègue de plus en plus de fonctions réservés aux prêtres — manque de vocation—.

Si à ce triptyque, nous ajoutons tout une série de faits intolérables, inacceptables qui, depuis des lustres, ruinent la crédibilité de l’Eglise, blessent les croyants et sapent le moral des catholiques, comme par exemple :

– les affaires financières ténébreuses du Vatican
les scandales des moeurs débridées dans l’Eglise où stupre et luxure sont encore de mises
– les abus sexuels ignobles sur les mineurs, masculins de préférence
les maltraitances physiques et morales des enfants dans les instituts religieux
les sévices physiques et psychologiques des filles-mères dans les établissements religieux – la relégation des femmes, vouées aux Christ dans l’Eglise, à des tâches subalternes ou à des postes dépendant quasi systématiquement d’une hiérarchie masculine omnipotente nous aurons alors un « tableau édifiant et apocalyptique » de ce qu’est devenue ou est restée, hélas, l’Eglise catholique romaine.

Dès lors, n’est-il pas temps que Rome s’amende, se transforme, évolue, en un mot face son « aggiornamento » pout d’une part être en phase avec le peuple de Dieu et d’autre part, être plus proche des problématiques sociétales actuelles comme l’a toujours été et le sera à jamais l’Eglise millénaire de France : l’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France.

Si Rome reste Rome et persiste dans sa stratification ; l’Eglise Catholique Gallicane non seulement millénaire mais qui plus est, en phase avec la vie sociétale française perdurera à jamais comme, est pérennisée à jamais l’expression « France Fille aînée de l’Eglise » quelque soit la signification politique ou religieuse de cette expression car, la qualité d’aîné ne se perd pas.

49) Pape Jean XVIII – Pontifex maximus du 28 octobre 1958 au 03 juin 1963
50) Pape Paul VI – Pontifex maximus du 21 juin 1963 au 06 août 1978
51) Pape Jean Paul II – Pontifex maximus du 16 octobre 1978 au 02 octobre 2005
52) Pape Benoît XVI – Pontifex maximus du 19 avril 2005 au 28 février 2013
53) Pape François — Pontifex maximus à compter du 13 mars 2013